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2014-04-11 11:06:39
Je ne sais ce qui se passa alors,mais les fleurs parurent se vêtir de
plus riches couleurs, et verser deplus odorants parfums, les oiseaux
chantèrent plus haut, la brisemurmura plus doucement, les rayons du
soleil jouèrent plus gaiement surle sable, et les peupliers sauvages
eurent une ombre plus fra?che. Et,sous l'ombrage agréable, dans cette
atmosphère de lumière et de joie,loin du bruit de la foule, Victor et
Marguerite qui n'avaient plus desecrets l'un pour l'autre, gazouillaient
amoureusement, les regardssuspendus aux regards, de l'ivresse plein le
coeur, de l'amour et dusourire sur les lèvres.Cependant Chèvrefils le
bossu n'était pas, lui non plus, mécontent. Ilavait servi les intérêts
de Picounoc, c'est vrai, mais en cela il avaittrouvé son compte.
Le motif déterminant de sa conduite était le même quepour Picounoc:
L'amour. Il faut avouer que c'est un motif puissant,toujours nouveau,
bien qu'aussi vieux que le monde. Le bossu aimaitMarguerite. Et souvent,
pour avoir la fille, il faut commencer parconquérir le père.... ou la mère. Surtout quand la fille est jeune etque l'on est à la
période du refroidissement; surtout encore lorsquel'on porte sur le dos
une protubérance ridicule.Picounoc ne tenait pas à marier sa fille avec
le bossu, mais il netenait pas non plus à laisser conna?tre au bossu le
fond de sa pensé, etil voulait le ménager, entretenir ses espérances
jusqu'au jour de sonmariage avec Noémie: Il avait pour cela quelques
petites raisons. Ilavait parlé devant son ami; et les amis, vous savez
comme c'estdangereux! Le bossu venait de doubler la quarantaine, et
voguait àpleines voiles de l'autre c?té, vers cette mer sans fin ou nous
allonstous fatalement nous perdre. Une bosse à cheval sur quarante ans,
cen'est ni gai, ni consolant pour une jeune fille. Il est vrai
quemonsieur le marchand était riche et pouvait donner à sa femme des
robesde soie! Mais, Dieu merci! bien peu de nos jeunes filles
échangeraientl'humble robe d'indienne contre le gros-de-Naples, s'il
fallait en mêmetemps échanger leur jeune et joli cavalier contre une
vieille parodie dela gente masculine.Le bossu songeait au bonheur qui
l'attendait dans les bras deMarguerite, et, tout en songeant, il
mangeait prosa?quement sa soupe auboeuf, ou peut-être que c'est en
mangeant qu'il songeait ainsi.
Il futtiré de sa rêverie par l'arrivée de deux étrangers; l'un, grand,
sec etmaigre, l'autre, gros et trapu. Deux barbes blanches, deux
cheveluresgrises, deux faces ridées et curieuses.--Que voulez-vous,
Messieurs? demanda le bossu, entre deux bouchées.--Nous sommes, reprit
le grand, deux voyageurs des pays hauts, et, commevous le voyez, nous ne
sommes plus des jeunesses.--Non, Seigneur! dit le gros en
branlant la tête.--Nous avons bien travaillé, reprit le grand.--Oui,
Seigneur! dit le gros, toujours branlant la tête.