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2014-04-03 13:49:25
Unechose certaine, c'est que le père Duplessis, tout à son idée de
charité,avait mis ses pauvres dans la balance. Personne ne songeait à
chercherlà la raison du triomphe de l'hon. ministre. Le vieux professeur
sedonna garde de l'oublier, lui, et il écrivit un petit mot à son
nobleobligé pour lui rappeler ses engagements. Le Pêcheur jeta la note
aupanier.Serait-il convenable d'intervenir pour arrêter les fins de la
justice,raisonnait-il? N'y avait-il pas là une question sociale de la
plus hauteimportance? Comment un homme honnête et intelligent comme le
pèreDuplessis n'avait-il pas songé à cela? Il est vrai, d'un autre c?té,
quel'offense était ancienne, douteuse même. Si l'abénaqui e?t été seul
àjouir de l'impunité, passe encore.
.. Mais cette femme, madameD'Aucheron, volait sa haute réputation et
les hommages des honnêtesgens. C'était une injustice envers la société
de Québec. On lui seraitreconnaissant, à lui le ministre, s'il remettait
chacun à sa place,comme cela doit être. Il était l'élu du peuple, il
devait protéger lepeuple contre la supercherie et la fraude. On
attendait cela de sonesprit impartial. Il répondit à monsieur Duplessis qu'il s'occupait de l'affaire.
C'étaitvrai, mais pas dans le sens que le voulait le professeur. Il
avait undernier espoir, c'est que mademoiselle D'Aucheron serait
peut-êtreéblouie par son nouveau triomphe et se montrerait touchée enfin
de laconstance et de la force de son attachement. Il se faisait
illusion. Larésolution de Léontine était bien prise, maintenant, et rien
ne pourraitl'ébranler: Rodolphe, ou le couvent. Rodolphe, dans son
imaginationexaltée, dans son coeur na?f et débordant d'amour, elle le
voyait toutprès, tout près..
. et le couvent paraissait là-bas, à demi-perdu dansune buée
vaporeuse.Madame D'Aucheron avait complètement perdu la tête, et ne se
sentaitplus la force de prendre une résolution. Elle était comme une
épaveballottée par les flots, au gré des vents et des courants. Elle
nesavait plus où était le salut; elle ne le voyait nulle part. Menacée
parle ministre qui avait surpris ses secrets, par le notaire qui
lajetterait comme une vaurienne sur le pavé, par sa fille qui
reculaitdevant le sacrifice et parlait d'entrer dans un couvent, par son
mariqui se montrait maintenant tout inquiet, tout troublé, tout
désolé,elle chancelait, s'affaissait. Elle e?t voulu s'insurger contre
ellemême, braver les menaces et se moquer du monde.