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2013-10-29 14:24:07

..mais vous ne perdrez rien pour attendre, je vous le prédis, sivous continuez à vous faire ainsi le digne instrument desvengeances du ch?teau.Et comme ?ric, muet et immobile, ne quittait pas des yeux lepistolet sur lequel Tanneguy avait mis le pied:-- Prenez-y garde, poursuivit ce dernier en lan?ant d'un coup de_peu-bas_ l'arme dehors la cabane, prenez-y garde, ma?tre ?ric,vous jouez là un vilain jeu, qui vous conduira peut être plus loinque vous ne voudriez aller... C'est tout ce que je puis vous dire,aujourd'hui; mais nous pourrons renouer cette conversation, si ledésir vous prend jamais de revenir r?der autour de la ferme!.
..En parlant ainsi, Tanneguy gagna la porte, et disparut bient?tdans le sentier de Kerhor.?ric l'avait suivi jusque sur le seuil; quand il l'eut vudispara?tre, il rentra dans la cabane, passa tranquillement sabesace à son cou et releva son b?ton.-- Si vous le voulez bien, monsieur Tanneguy, se dit-il alors, ettout en ajustant ses haillons, c'est ce soir que nous reprendronsla conversation.Et il s'éloigna rapidement, en prenant la direction de Saint-Jean-du-Doigt.IVVers la fin du jour, Marguerite se trouvait dans sa chambre, etelle songeait tristement à tous les événements qui s'étaientsuccédé depuis quelques heures seulement. Marguerite savait les projets de départ de son père, et son coeurse brisait quand elle venait à penser que, sous peu de jours, quele lendemain peut-être, il lui faudrait quitter ce pays, où ellese sentait retenue par des liens mystérieux et irrésistibles:quand cette amère pensée s'emparait de son esprit, l'image sombreet désespérée d'Octave passait devant elle, et ses yeuxs'emplissaient de larmes.Marguerite aimait Octave d'une sainte et pure amitié; maisl'amitié d'une enfant na?ve comme elle aboutit souvent à l'amour.Depuis quelque temps surtout, la pauvre Marguerite éprouvait àl'approche d'Octave de singuliers sympt?mes qui jetaient biensouvent le trouble et l'effroi dans son esprit. Son coeur battaitplus vite dans sa poitrine; le sang circulait plus ardent dans sesveines; tout son corps tressaillait d'une joie sans seconde quand,par hasard, sa main rencontrait la sienne. La nuit, Margueriteavait des insomnies étranges; aux p?les rayons de la lune, il luisemblait voir les anges, ses soeurs, s'asseoir à son chevet, et lacontempler tristement; elle s'effrayait malgré elle, et, par unecontradiction qu'elle ne pouvait comprendre, elle aimait cetrouble, cette frayeur, cette vague inquiétude dont son ?me étaitpleine.Qu'allait-elle devenir quand il lui faudrait s'éloigner? quand illui faudrait quitter le bourg pour n'y plus revenir? quand il luifaudrait renoncer à revoir jamais Octave?Marguerite ne se sentait pas la force de lutter contre la volontéde son père; elle n'en avait ni le courage ni la pensée; elleétait décidée d'avance à faire le sacrifice de son amour, à mourirlentement, plut?t que d'attrister, par un refus, la vieillesse deson père; et cependant combien de larmes, combien de tristesses,de désespoirs!..
.La vieille Jeanne, la servante de l'abbé Kersaint, n'avait pasquitté Marguerite; il se faisait tard cependant, et c étaitl'heure du repos. La vieille Jeanne se mit en devoir d'aider lafille de Tanneguy à se dépouiller de ses vêtements du jour.Ces soins arrachèrent pour un moment Marguerite à ses tristespréoccupations. La femme redevenait enfant, pour admirer chaqueparure qu'on lui ?tait, et elle ne se lassait de regarder sapetite glace, comme pour s'assurer qu'elle restait jolie.Tant?t c'était son collier de perles blanches qu'on lui enlevait,et elle redressait avec fierté son beau col de cygne, aussi blancque la neige. Une autre fois c'était son surtout de drap piqué quela vieille allait déposer dans un grand bahut sculpté, et sonregard caressait avec amour les contours délicieux de sa taille;mais ce fut surtout lorsque Jeanne détacha le noeud qui retenaitses cheveux et qu'elle les sentit retomber en longues boucles surses épaules et son sein nus, qu'elle se prit à rougir, croisantses deux bras sur sa gorge naissante par un geste plein de pudeur.
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