S'il e?t mieuxvu l'?me de Gaspard, une adhésion aussi vague, même
passagère, l'auraitconfondu, émerveillé...Il dura donc bien peu,
l'acquiescement du père à l'idéal patriotique dufils. Dès le lendemain,
celui-là révisait son assentiment superficiel,le discuta, le
contremanda. Une espèce de honte le prit de ne pasl'avoir aussit?t
refusé. Installé en sa chaise curule d'hommed'affaires, il s'étonna de
lui-même presqu'avec douleur.
Il étaitanormal qu'il se f?t délecté d'un pareil sentimentalisme. Eh
bien, oui,il avait failli parler, se compromettre, s'emballer, vouloir.
Dieumerci! il ne s'était pas mis en cette disgracieuse posture.
Commefacteur de succès en des carrières spéciales, en, politique
surtout,le zèle patriotique avait de la décence. Que viendrait-il
ajouter à saveine, à sa richesse, le dévouement à la race? Il en
déduisit que ceserait accomplir une t?che risible. Un enthousiasme aussi
candide feraits'esclaffer l'opinion: cette peur n'aurait-elle pas suffi
à paralyser enlui tout velléité d'un grand amour?Il ne restait plus
qu'à détourner Jean d'une illusion, d'un nuage. Desardeurs l'embrasaient
souvent: la fourberie et la l?cheté facilementlui inspiraient de
chaudes protestations. ?tait-ce l'activité jamaisassouvie de l'intelligence qui les lui
faisait oublier si t?t? Pourquois'attacherait-il à ce rêve longtemps?
Bien qu'il e?t soulevé tant decoeur et d'?me, l'apaisement n'aurait-il
pas lieu? Gaspard n'alla pasplus loin que cette logique. Il n'osait tout
de suite et avec droiturebraver la déception de Jean, il attendit que
sa passion élevéed'elle-même s'effondr?t... Et voici que tous les deux,
avec mystère,silencieux et comme timides, ils s'interrogent d'un regard
inflexible,le buste redressé. Le père occupe le fauteuil où il se
prélassed'ordinaire, il a cessé tout à coup d'y enfouir son dos et sa
têtelanguissamment. Il ne sait pourquoi lui remonte en l'esprit
l'idéalpatriotique de son fils, avec une telle clarté, une force
aussiviolente.
La résolution qui raidit les traits du jeune, homme l'effrayeet le
tient, sur le qui vive. Et Jean ne se laisse pas affaiblir par larudesse
et la méfiance épandues sur les traits de son père, les regardebien en
face pour en soutenir la colère, s'il le faut. Au premier choc,il a
chancelé d'inquiétude. La décision trop ferme a repris l'offensive,il
est prêt. Tous les deux, étranges, sans une parole, sans un geste,se
préparent, devinent qu'entre eux accourent, des choses décisives
etgraves...
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