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2014-09-20 16:26:37
suite.D’un quartier pauvre de Nantes à la rude Cte d’Afrique 2 Qui
est donc ce père Alexandre Dorgère dont le nom est attaché dans le titre
même de cet ouvrage à la colonisation du Dahomey , maintenant le Bénin ,
à la fin du xixe siècle, Alexandre Dorgère nat à Nantes en 1855, rue de
Vertais, dans le quartier pauvre des Ponts, entre les deux bras de la
Loire,: la Madeleine et le Pirmil. Son père, compagnon du Tour de
France, est ouvrier serrurier,; sa mère hérite d’une petite épicerie de
la première femme de son mari. Sans être la misère, ce n’est
certainement pas le luxe.De l’origine modeste des missionnaires au xixe
siècle3 Il faut souligner ici l’origine modeste de bien des membres des
Missions Africaines de cette seconde moitié du xixe siècle. Parmi ceux
dont les noms passèrent à la postérité, nous pouvons citer le père
Baudin,: né en 1844 dans la Nièvre, il travailla à la ferme de ses
parents à la mort de son père avant de pouvoir suivre sa vocation,; il a
laissé en particulier de nombreux travaux sur la langue yoruba. De
même, plus connu pour ses prises de position en faveur des Noirs à son
époque, le père Aupiais né en 1877 à Saint-Père-en-Retz en
Loire-Atlantique,: son père, maon, mourut prématurément laissant trois
enfants en bas age,; il est certain que sa mère dut alors travailler
elle-même, si elle ne le faisait pas déjà, pour subvenir aux besoins de
sa famille.
4 Loin de celles que nous connaissons en ce début du xxie siècle, la
frugalité et la pauvreté de la vie ouvrière et paysanne de leur époque
préparèrent ces missionnaires aux conditions souvent spartiates de la
vie africaine. Un jour, Dorgère écrira,: ,Me voici à Tokpli dans une
hutte sans porte ni fenêtre, (p. 328). La nourriture est celle du pays,;
les déplacements se font à pied ou en pirogue, soit environ cinq jours
entre Lagos et Agoué pour quelque 150 km,; les progrès de la médecine
sont à venir,: rien donc ou presque pour se protéger du paludisme, de la
fièvre jaune … Au cours des 15 années de son séjour, Dorgère verra 43
de ses confrères décéder dans cette région, après une présence de
quelques mois et souvent avant l’age de 30 ans,; et nous ne comptons pas
les péris en mer et les rapatriés. Cela n’empêche pas certains, après
l’apprentissage d’une (ou plusieurs) langue(s), de se lancer dans des
traductions, ou des études ethnographiques, linguistiques … Mais si
Dorgère proclame,: ,Je me trouve l’homme le plus heureux du monde,
beaucoup ne supportent pas la rudesse de cette vie.La mission a précédé
la colonisation5 Après ses études secondaires aux collèges catholiques
du Loquidy à Nantes, puis d’Ancenis, et un passage au grand séminaire de
Nantes, Alexandre Dorgère entre aux Missions Africaines de Lyon en
1879. Il y termine ses études, et est ordonné prêtre en juillet 1880. Il débarque en 1881 à Lagos, port de l’actuel Nigeria. à cette date,
les frontières des territoires coloniaux officiels ne sont pas encore
fixées. Pour l’arrivée des Missions Africaines avec le père Borghero en
1861 à Ouidah, Rome crée le vicariat apostolique du Dahomey, ,compris
entre l’embouchure des fleuves Volta et Niger,: ce sont les limites
maritimes, l’intérieur du pays est quasi inconnu. Ce territoire s’étend
alors sur quatre pays actuels,: dans l’ordre, d’ouest en est, le Ghana,
le Togo, le Bénin, le Nigeria. 6 En 1883, intervient une nouvelle
création avec la préfecture apostolique du Dahomey, limitée cette fois
par la Volta à l’ouest, et l’Ouémé à l’est. Suivront deux nouvelles
divisions,: en 1892, celle qui crée la préfecture apostolique du Togo,
correspondant à la colonie allemande du même nom,; puis, en 1901, celle
qui institue le vicariat apostolique du Dahomey quand le territoire
situé entre l’Ouémé et la frontière du Nigeria revient au Dahomey. 7 La
présence catholique dans cette région et celle protestante au Nigeria en
particulier, n’ont donc pas suivi mais précédé de quelques décennies la
conquête militaire coloniale,: la mission n’y est pas arrivée ,dans les
fourgons de l’armée franaise,; de leur cté, les ajustements successifs
des circonscriptions ecclésiastiques répondent au besoin de s’adapter
aux nouvelles frontières civiles.
8 Le père Dorgère qui appartient aux premières générations de
missionnaires dans cette région, est ainsi appelé à travailler à Tokpo
et Badagry (au Nigeria actuel), à Porto-Novo, Agoué, Ouidah, Athiémé
(localités actuellement béninoises) à Tokpli et Atakpamê (au Togo). On
peut donc parler de ,Mission Sans Frontières, à la fois par les lieux
d’implantation de la mission, et par l’origine fort diverse de ses
membres,: franaise, italienne, espagnole, allemande …Dorgère et la
conquête du Dahomey (1890-1891) 9 Cette fin du xixe siècle voit la
conquête coloniale,; la Conférence de Berlin en 1884-1885 a pour
conséquences la création de sphères d’influence entre les grandes
puissances coloniales européennes du moment, la France, l’Angleterre,
l’Allemagne. S’ensuit la course à l’occupation de l’Afrique. La France
veut s’y construire un empire colonial et se venger de l’humiliation de
la défaite de 1870. Pour barrer la route à la fois aux Anglais installés
à l’est, et aux Allemands à l’ouest dans ce qui deviendra le Togo, elle
essaie de s’approprier le royaume d’Abomey en guerre contre celui de
Porto-Novo, sur lequel elle a déjà obtenu un protectorat. Les
missionnaires sont pris dans ce contexte et le père Dorgère, en
particulier, va se retrouver trois fois chez le roi Béhanzin à Abomey,
d’abord comme otage, puis comme ambassadeur plénipotentiaire de France,
enfin comme son ami. C’est cette action qui va faire passer sa mémoire à
la postérité.