D'un c?té, j'étais content qu'il e?t tiré la demoiselle de peine,mais de
l'autre, je craignais qu'elle morte, il ne f?t comme tantd'autres fils
de paysans enrichis, et qu'il ne voul?t faire leMonsieur de Puygolfier.
?a m'aurait mortifié beaucoup, d'avoir despetits-enfants, qui, naissant
au ch?teau, se seraient peut-êtrefigurés qu'ils sortaient de la cuisse
de messieurs, et auraient,possible, méprisé mes autres petits-enfants du
moulin. Supposé que?a aurait été trop nouveau pour mes petits enfants,
?a aurait étépeut-être mes arrière-petits-enfants. Ces choses se voient
tous lesjours; il ne manque pas de petits-fils de meuniers, établis dans
lech?teau où leur grand-père portait la farine. Si encore ayant
faitfortune, ils ne faisaient pas des embarras, passe; mais c'est
commeune maladie, tout de suite ils cherchent à se faufiler dans
lanoblesse, et ils y réussissent. Et ce n'est pas seulement lesmeuniers
qui font ainsi, mais tous ceux qui s'enrichissent dans lecommerce, ou
dans les forges, comme M. Lacaud, soit-disant duSablou, ou ailleurs.
Quand je vois de ces:..... parvenus entés sur les nobles,faire leurs
messieurs de la haute, et le diable sait s'il y en a!j'ai toujours envie
de leur crier:--Touche ton ?ne mon Coulou!Pour en revenir, j'avais bien
raison en général, mais j'avais torten ce qui était de mon gendre. Mon
oncle à qui j'en parlais un jour,me dit qu'il n'y avait pas à craindre
cette affaire; que celui quiavait quitté son état pour le motif que nous
savions, et qui avaitépousé une fille sans fortune par rapport à lui,
n'était pas homme àagir par gloriole. Et en effet, Fournier ne quitta pas sa maison, qui, de vrai, n'étaitpas
dans une aussi belle position que Puygolfier, mais qui étaitgrande,
propre, bien arrangée, et au milieu de son bien. Tout cequ'il fit, c'est
qu'il ramassa toutes les vieilleries qui luisemblèrent curieuses: un
lit à colonnes, des vieux cabinets piquésdes vers, des boiseries, des
tableaux, mais tout ?a ne lui co?ta pasbon marché à mettre en état de
servir. Le mobilier de la chambre dela demoiselle qu'elle avait donné à
Nancette, je n'en parle pas,parce qu'on l'avait emporté de Puygolfier
peu après sa mort;celui-là était le mieux en état; les fauteuils et les
chaisesavaient des pieds contournés, étaient peints en blanc, et
l'étoffeétait de vieille soie jaune. Il y avait aussi un lit dans le
mêmegenre, une commode ventrue à cuivres dorés, et quelques portraitsque
Fournier trouvait jolis. Mon gendre emporta aussi tous les
vieuxpapiers, dont il y avait un grand plein coffre dans le grenier,
etil nous donna des livres pour les droles.Le reste ne valait pas le
diable, et il y avait belle lurette queles cuillers et les fourchettes
d'argent avaient été vendues.Fournier aimait assez à farfouiller dans
les vieux papiers, et ils'entendait bien à lire tous ces vieux actes
auxquels nous necomprenions pas un mot.
En triant ces paperasses, il trouva deschoses qui regardaient le pays;
par exemple, que notre moulin avaitappartenu, il y avait près de deux
cent cinquante ans, aux seigneursde Puygolfier, et que c'était un moulin
banal où toute la paroissedevait faire moudre. Il trouva aussi l'acte
de fondation de lachapelle de Saint-Silain, dans l'église de la
paroisse, faite parune dame de Puygolfier; des papiers qui marquaient
les redevances etles rentes qui étaient dues aux seigneurs de Puygolfier
avant laRévolution, et beaucoup d'autres choses de ce genre. Mais ce
qu'iltrouva de plus curieux, c'est un acte de vente de la terre
dePuygolfier en l'année 1625. Si le défunt M. Silain avait vécu, luiqui
était si fier de sa noblesse, il aurait été bien estomaqué en
lelisant.Par cet acte, le seigneur Fran?ois de Puygolfier, mousquetaire
duroi, vendait à Guillaume Pons, notaire et procureur fiscal dumarquisat
d'Excideuil, les ch?teau, terre et seigneurie dePuygolfier, moyennant
la somme de quarante-huit milles livres, dontvingt-deux payées comptant,
et quinze en cinq années. Pour le reste,c'est-à-dire onze mille livres,
Guillaume Pons donnait quittance deplusieurs obligations, consenties
par le vendeur, à feu JeannetPons, en son vivant h?telier en la ville
d'Excideuil, et père duditGuillaume.
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