分类: Android平台
2013-11-20 14:11:09
vEh bien! j'aidonc des droits au titre d'ami que je vous demande, et
je l'exige.La conversation devint générale: les femmes, qui presque
toutesparlaient fran?ais, s'en mêlèrent avec autant d'esprit que de
gr?ces etde na?veté; j'avais déjà remarqué qu'elles étaient absolument
vêtues dela même manière que celles de la ville, et ce costume était
aussi simplequ'élégant; un juste très-serré leur dessine précisément la
taille,qu'elles ont toutes extraordinairement grande et svelte; ensuite
unvoile, qui me parut d'une étoffe encore plus fine et plus déliée que
nosgazes, et d'un jaune tendre, après s'être marié agréablement à
leurscheveux, retombe en molles ondulations autour de leurs hanches, et
seperd dans un gros noeud sur la cuisse gauche. Tous les hommes
étaientvêtus à l'asiatique, la tête couverte d'une espèce de turban
léger d'uneforme très-agréable, et de la même couleur que leur
vêtement.Le gris, le rose et vert sont les trois seules couleurs qu'ils
adoptentpour leurs habits: la première est celle des vieillards, l'?ge
m?reemploie le vert, et l'autre est pour la jeunesse. L'étoile de
leursvêtemens est fine et moelleuse, elle est la même en toutes les
saisons,attendu la douceur et l'égalité du climat; elle ressemble un peu
à nostaffetas de Florence: celle des femmes est la même. Ces étoffes
etcelles de leurs voiles sont tissues dans leurs propres manufactures,
dela troisième peau d'un arbre qu'ils me montrèrent, et qui ressemble
aum?rier; Zamé me dit que cette espèce de plante était particulière à
sonisle.Les deux citoyens qui avaient annoncé le souper, furent les
seuls qui leservirent, tout se passa avec ordre, et fut fini en moins
d'une heure.
Mon h?te, me dit Zamé, en se levant, vous êtes fatigué, on va
vousconduire dans votre chambre; demain nous nous lèverons de bonne
heure,et nous jaserons, je vous expliquerai la forme du gouvernement de
cepeuple, je vous convaincrai que celui que vous en croyez le
souverainn'en est que le législateur et l'ami... je vous apprendrai
monhistoire, et j'aurai l'oeil, malgré cela, à ce que rien ne manque
auxbesoins que vous m'avez témoignés, ce n'est pas le tout que de parler
desoi à ses amis, l'essentiel est de s'occuper d'eux. Je vous remets
entreles mains d'un de ces fidèles serviteurs, continua-t-il, en parlant
d'undes citoyens qui nous avaient servi, il va vous installer: vous
trouveztout ceci bien simple, n'est-ce pas? Ne fussiez-vous que chez
unfinancier, vous auriez deux valets de-chambre dorés pour vous
conduire:ici, vous n'aurez qu'un de mes amis, c'est le nom que je donne à
mesdomestiques; le mensonge, l'orgueil et l'égo?sme auraient seuls
faitchez l'un les frais du cérémonial: celui que vous voyez ici
n'estl'ouvrage que de mon coeur. Adieu.L'appartement où je me retirai
était simple, mais propre et commodecomme tout ce que j'avais observé
dans cette charmante maison: troismatelas remplis de feuilles de
palmiers desséchées et préparées avec unesorte de moelleux qui les
rendaient aussi douces que des plumes,composaient mon lit; ils étaient
étendus sur des nattes à terre, unléger pavillon de cette même étoffe
dont les femmes formaient leursvoiles, était agréablement attaché au
mur, et l'on s'en entourait pouréviter la piq?re d'une petite mouche
incommode dans une saison de cepays. Je passai dans cette chambre une des meilleures nuits dont
j'eusseencore joui depuis mes infortunes; je me croyais dans le temple
de lavertu, et je déposais tranquille aux pieds de ses autels.Le
lendemain Zamé envoya savoir si j'étais éveillé, et comme on me
vitdebout, on me dit qu'il m'attendait; je le trouvai dans la même salle
oùj'avais été re?u la veille.Jeune étranger, me dit-il, j'ai cru que
vous sériez bien-aise de savoirquel est celui qui vous re?oit, que vous
apprendriez avec plaisirpourquoi vous trouvez à l'extrémité de la terre
un homme qui parle lamême langue que vous, et qui para?t conna?tre votre
Patrie.Asseyez-yous, et m'écoutez.Fin de la troisième Partie.Notes:[1]
Le lecteur qui prendrait ceci pour un de ces épisodes placé sansmotif,
et qu'on peut lire, ou passer à volonté, commettrait une fautebien
lourde.[2] Il est à propos de remarquer ici en passant qu'il n'y a point
deville en France où le Clergé soit plus détestable qu'à Lyon; on
atoujours dit, et avec raison, que le corps des Curés de Paris
composaitl'assemblée des plus honnêtes gens de la Capitale; on peut
affirmerpositivement tout le contraire de ceux de Lyon: la fourberie,
lacupidité, l'ignorance et le libertinage, voilà les traits qui
lecaractérisent.
[3] Après les Athéniens, il n'y avait point En Grèce de forces
maritimeségales à celles De l'isle de Corcire, aujourd'hui Corfou, aux
Vénitiens.Homère, dans son Odissée, donne une grande idée des richesses
et de lapuissance de cette isle.[4] Il ne faut pas s'étonner si de tels
principes, manifestés dèslong-tems par notre auteur, le faisaient gémir à
la Bastille, où larévolution le trouva. (Note de l'?diteur.)[5]
Salé était encore au milieu de ce siècle une républiqueindépendante,
dont les citoyens étaient aussi habiles corsaires que bonscommer?ans;
elle fut soumise par le monarque actuel sous le règne de sonpère.[6] On
recule d'effroi à ce récit; il est affreux, sans doute; mais sic'est un
crime que d'être vaincu, chez ces barbares, pourquoi ne leurest-il pas
permis de punir alors les criminels par ce supplice, commenous punissons
les n?tres, par des supplices à-peu-près semblables. Or,si la même
horreur se trouve chez deux Nations, l'une, parce qu'elle yprocède avec
un peu plus de cérémonie, n'a pourtant pas le droitd'invectiver l'autre;
il n'y a plus que je philosophe qui admet peu decrimes et qui ne tue
point, qui soit fondé à les invectiver toutes deux.