Auguste Bedloe. Ce jeune gentleman était remarquable à tous égards
etexcitait en moi une curiosité et un intérêt profonds. Je
jugeaiimpossible de me rendre compte de son être tant physique que
moral. Jene pus obtenir sur sa famille aucun renseignement positif.
D'oùvenait-il? Je ne le sus jamais bien. Même relativement à son
?ge,quoique je l'aie appelé un jeune gentleman, il y avait quelque chose
quim'intriguait au suprême degré. Certainement il semblait jeune, et
mêmeil affectait de parler de sa jeunesse; cependant, il y avait des
momentsoù je n'aurais guère hésité à le supposer ?gé d'une centaine
d'années.Mais c'était surtout son extérieur qui avait un aspect tout à
faitparticulier. Il était singulièrement grand et mince;—se
vo?tantbeaucoup;—les membres excessivement longs et émaciés;—le front
largeet bas;—une complexion absolument exsangue;—sa bouche, large
etflexible, et ses dents, quoique saines, plus irrégulières que je
n'envis jamais dans aucune bouche humaine. L'expression de son
sourire,toutefois, n'était nullement désagréable, comme on pourrait le
supposer;mais elle n'avait aucune espèce de nuance. C'était une
profondemélancolie, une tristesse sans phases et sans intermittences. Ses yeuxétaient d'une largeur anormale et ronds comme ceux d'un chat.
Lespupilles elles-mêmes subissaient une contraction et une
dilatationproportionnelles à l'accroissement et à la diminution de la
lumière,exactement comme on l'a observé dans les races félines. Dans les
momentsd'excitation, les prunelles devenaient brillantes à un degré
presqueinconcevable et semblaient émettre des rayons lumineux d'un éclat
nonréfléchi, mais intérieur, comme fait un flambeau ou le
soleil;toutefois, dans leur condition habituelle, elles étaient
tellementternes, inertes et nuageuses qu'elles faisaient penser aux yeux
d'uncorps enterré depuis longtemps.Ces particularités personnelles
semblaient lui causer beaucoup d'ennui,et il y faisait continuellement
allusion dans un style semi-explicatif,semi-justificatif qui, la
première fois que je l'entendis,m'impressionna très-péniblement.
Toutefois, je m'y accoutumai bient?t etmon déplaisir se dissipa. Il
semblait avoir l'intention d'insinuer,plut?t que d'affirmer
positivement, que physiquement il n'avait pastoujours été ce qu'il
était; qu'une longue série d'attaques névralgiquesl'avait réduit d'une
condition de beauté personnelle non commune à celleque je voyais. Depuis
plusieurs années, il recevait les soins d'unmédecin nommé Templeton,—un
vieux gentleman ?gé de soixante-dix ans,peut-être,—qu'il avait pour la
première fois rencontré à Saratoga etdes soins duquel il tira dans ce
temps, ou crut tirer, un grand secours.
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