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2013-12-09 11:56:22
Après ces démarches, le sheik m'a fait dire qu'il me recevra demain.
Jeme suis rendu chez lui, le jour désigné. Il m'a très bien re?u, en
medisant: ?Je vous garderai bien à mon service et vous monterez à
chevalavec moi, mais il faut la permission du général Bonaparte, général
enchef.? Dans ce moment-là, j'avais bien peur qu'il me fasse prendre
parles Fran?ais, parce que je connaissais pas encore leur manière de
vivreet leur religion. Cependant mon domestique courait tous les jours
dansle monde, et il me disait que les Fran?ais sont bonnes gens et sont
dela religion chrétienne.Je commen?ais un peu à être tranquille, parce
que je suis aussichrétien, comme eux.Enfin le sheik El Bekri m'a fait
monter dans son sérail, en me disant:?Restez-là, jusqu'à ce que je
demande la permission au général en chef.
?Me voilà donc dans le sérail avec cinq femmes qui appartenaient ausheik. Elles m'ont apporté beaucoup de sorbets et félère[46]c'est-à-dire
des p?tisseries et limonade, mais j'avais le c?ur gros, jen'acceptai
rien. Je me voyais au milieu de ces dames, avec une seulechemise bleue
sur mon corps.J'ai été obligé de pleurer auprès de ces dames. Toutes ces
bonnespersonnes pleuraient aussi de mon sort, en me consolant le
mieuxqu'elles pouvaient.Le même jour, le sheik El Bekri monta à cheval
et alla chez le généralen chef et lui demanda la permission de me garder
avec lui; il lui adonné cette permission, en lui demandant si j'étais
bien ?gé et sij'étais un bon sujet. Le Sheik lui a répondu que oui: ?Je
réponds delui, c'est un bon sujet, il est ?gé de quinze ans et demi. Ilappartenait, autrefois, à Sala-Bey, qui a été empoisonné
parDjezzar-Pacha, à Saint-Jean d'Acre.?Après ?a, le général en chef lui
dit: ?Si le Mourad-Bey veut être bienraisonnable, je lui donnerai la
permission de venir, avec tous sesMameloucks, au Grand Caire[47].?Après
quelques heures, je vois arriver le sheik El Bekri. Il me dit:?Vous êtes
à mon service. Le général en chef m'a donné la permission.?Et il fait
venir, sur-le-champ, un tailleur, et il me fait des habits àla
Mamelouck, comme j'étais autrefois.Toutes ces bonnes dames, elles me
font demander, aussit?t, dans lesérail, elles m'ont embrassé, et elles
m'ont félicité que je restaisdans la maison, et elles m'ont prié que je
leur fasse demander ce quej'aurais besoin, et elles m'ont fait présent
de plusieurs mouchoirsbrodés en or et jolie bourse pour mettre de
l'argent, idem brodée en or.
Ce que je trouvais bien joli, c'est la fille du sheik El Bekri,
joliecomme les amours, ?gée de onze ans et demi.J'ai resté dans cette
maison-là à peu près trois mois. Dans cetintervalle-là, le sheik avait
ramassé, dans la ville, environ vingt-cinqMameloucks, qui étaient isolés
ou cachés dans les maisons. Comme j'étaisle plus ?gé et plus ancien, il
m'a nommé leur chef et leur faireapprendre à monter à cheval.Il me
para?t que les dames que j'ai vues dans le sérail, qui m'ont sibien
re?u, ont bien engagé sheik El Bekri pour me faire marier avec safille
que je connus dans le sérail et ?gée de douze ans. Enfin, toutétait
convenu et d'accord pour mon mariage, même le général en chefBonaparte
était prévenu de mon mariage avec la fille du sheik.J'avais gagné pas
mal d'argent chez le sheik.