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2013-12-06 10:53:47
Ces mesures de justice inspirent à Roustam le désir d'en
obtenird'autres: indigné, non sans raison, de voir l'officier payeur du
corpsdes Mameloucks, dont il continue à faire partie, lui retenir,
depuistrois ans, la solde à laquelle il a droit, il l'oblige à rendre
sescomptes, puis il demande et obtient son congé (1806).Après la
campagne d'Austerlitz, il épouse la fille de Douville, premiervalet de
chambre de Joséphine. Et non seulement l'Empereur autorisecette union,
mais il signe au contrat et paye les frais de la noce.Roustam accompagne
l'Empereur en Prusse et en Pologne. ? Iéna, uneméprise des avant-postes
fran?ais, dont ils essuient ensemble le feu,manque leur être fatale.
Même aventure dans l'?le Lobau, où la partieblanche du turban de Roustam
attire sur l'Empereur, et sur lui-même, lefeu de l'ennemi. ? Eylau, il
ne doit la vie qu'à un aide de camp deMurat qui l'empêche de s'endormir
dans la neige.
Il assiste à labataille de Friedland et passe à Tilsitt, avec la Garde,
la revue dutsar Alexandre. Il a le visage gelé, pendant la retraite de
Russie, etrentre en France dans la voiture de l'Empereur.Les Souvenirs de Roustam sont fertiles en anecdotes sur les grandssoldats de
l'Empire, tels que Lannes, Masséna, Berthier, Murat, le ducde Vicence,
le maréchal Duroc, etc.La vie intime de l'Empereur aux Tuileries et à la
Malmaison est par luipeinte au vif, et la na?veté même de son pinceau
donne de la vie et dela couleur à ses esquisses: il montre Napoléon
soucieux de l'intérêt deses serviteurs, au milieu des plus graves
préoccupations; leur faisantrendre justice quand ils sont victimes de
l'iniquité, les faisantsoigner et les visitant lui-même, quand ils sont
malades. L'Empereurpense à tout: il veut que Roustam envoie à sa mère
son portrait enminiature par Isabey. Il va plus loin: il promet 10.000
livres derécompense et le remboursement de ses frais de voyage à un
voyageurarménien qui offre d'amener cette femme en France--projet
qui,d'ailleurs, ne se réalisa point. C'est dans cette bonté d'?me, autant que dans le prestige de son
génie,qu'il faut chercher l'explication des dévouements dont le grand
hommefut l'objet, jusqu'à sa mort, de la part de ses plus humbles
serviteurs.Signalons, parmi les passages relatifs aux m?urs et au
caractère deNapoléon, des anecdotes sur la naissance du Roi de Rome, et
sur l'amourde son père pour les enfants. Il aime à plaisanter avec le
fils deRoustam, dont il avait salué la naissance, après la bataille
d'Eylau, endisant à celui-ci: ?C'est bien, j'ai un Mamelouck de plus, il
teremplacera!?Curieuses sont les conversations de l'Empereur avec le
docteurCorvisart, qu'il ne cesse de traiter plaisamment de ?charlatan?.
Ellesconfirment ce qu'on savait de son scepticisme en fait de
médecine,scepticisme qu'en dépit de sa profession, Corvisart n'était,
para?t-il,guère éloigné de partager.Un jour, à la Malmaison, Roustam
entend son ma?tre lui demander unecarabine pour tirer, des fenêtres du
ch?teau, sur les cygnes de la pièced'eau: indignation de Joséphine qui
veut faire respecter ses beauxoiseaux et proteste avec véhémence;
embarras de Roustam qui ne saitauquel entendre, et vive hilarité de
l'Empereur, enchanté de saconfusion. L'illustre conquérant a toujours
conservé, dans soncaractère, un fonds d'espièglerie.Jusqu'aux adieux de
Fontainebleau, la conduite de notre Mamelouck enversson souverain ne
laisse rien à désirer.
L'amitié dont celui-ci ne cessede l'honorer suffit à en fournir la
preuve. Mais, à cette époque,Roustam ne justifie que trop le Donec eris felix... du poète. Quandvient le départ pour l'?le d'Elbe, il ne suit point son
bienfaiteur! Etles explications qu'il donne de son abstention ne servent
qu'à leconfondre: le bruit répandu dans Fontainebleau d'une tentative
desuicide de l'Empereur, d'une part; l'impossibilité de trouver
deschevaux pour essayer de le rejoindre à Fréjus, de l'autre, sont
desprétextes qui ne sauraient tromper personne.La vérité est qu'à
l'instar de plus d'un ancien serviteur de Napoléon,Roustam a soif de
repos, soif de la vie de famille: c'est là, et làseulement qu'il faut
chercher les raisons de sa défaillance.