分类: Android平台
2013-10-26 10:02:33
qu'il remarquoit bien que nous avions de ladéfiance de lui, étant
l'héritier collatéral du duc de Weimar; qu'ilvenoit exprès se justifier
auprès de nous; qu'il n'étoit venu à Bareithque dans l'intention de
faire réussir le mariage du duc; que ce princeavoit des caprices
terribles; que c'étoit une tête sans cervelle, quin'avoit jamais de plan
fixe et qui changeoit d'humeur vingt fois parjour; que nous ne
parviendrions jamais à nos fins en restant sur le quivive; que je devois
en badinant le faire déclarer et faire les promessestout de suite;
qu'il me seconderoit de tout son pouvoir; que laprincesse lui plaisoit
fort et qu'il me répondoit que les fian?ailles seferoient encore le soir
même, si je voulois suivre son conseil. Nous leremerci?mes beaucoup.
Il me fit ma le?on et pria le prince héréditairede ne s'en point mêler,
car, dit-il, il aime les dames, et Son Altesseroyale le fera sauter
par-dessus le b?ton, si elle veut. Je fis avertirle Margrave, de tout
ceci, et le fis prier de se tenir prêt à venir chezmoi au premier signal
que je donnerois, afin qu'il p?t être présent auxfian?ailles.Je
commen?ai à préparer mes cartes dès midi. Je fis assembler toutes
desmusiques enragées que je pus rassembler; des trompettes, des
tymbales;des cornemuses, des chalumaux, des trompes, des corps de
chasse, enfinque sais-je, qui nous écorchèrent les oreilles au point que
nous étionsà demi sourds. Mon duc entra bient?t dans son emphase de
folie. Il lamit dans tout son jour; on auroit dit qu'il étoit possédé.
Il se leva detable, joua lui-même des tymbales, racla du violon, sauta,
dansa et fittoutes les extravagances imaginables. Au sortir de table je le menaiavec le duc de Cobourg la princesse et
mes dames dans mon cabinet. Jedébutai par lui parler de la guerre du
Rhin et de condamner l'Empereurde ce qu'il négligeoit de lui donner le
commandement de ses armées. Ilm'entassa alors gasconnade sur gasconnade
et des rodomontades sans fin,et finit un galimathias, qui dura toute une
heure, par me dire, qu'ilferoit la campagne et que son équipage étoit
déjà fait. Je n'approuvepoint cela, lui dis-je, un prince comme vous ne
doit point s'exposer;vous avez de grandes espérances devans vous, vous
pouvez encore devenirélecteur de Saxe, quoiqu'il y ait une vingtaine de
princes à envoyer àl'autre monde, avant que vous puissiez y prétendre.
Cela est vrai,dit-il, mais je suis né pour les armes et c'est mon
métier. Je sais unmoyen d'accommoder tout cela, continuai-je, c'est de
vous marier etd'avoir bient?t un fils, et alors vous pourrez aller en
campagne, quandvous le voudrez. Oh! dit-il pour des femmes, j'en
trouverai cent pourune; il y a trois princesses et deux comtesses à Hoff
quim'attendent-là, mais elles ne sont pas de mon go?t et je les
renverrai;le roi, votre père, Madame, vous a fait offrir à moi, il
n'auroitdépendu que de moi de vous épouser, mais je ne vous connoissois
pas etje refusai ses offres; à présent j'en suis au désespoir, car je
vousadore, oui, le diable m'emporte! je suis amoureux de vous comme
unchien.