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2013-11-23 09:55:33
Quand il commen?a à faire sombre,Dragomira était rentrée à la maison,
et elle attendait Zésim qui netarda pas à venir. Cirilla joua le r?le
de la tante et prépara le thé,quand Zésim lui eut été présenté. Le
samovar chantait en bouillonnant,les jeunes gens étaient assis devant la
cheminée etcausaient. Dragomira était gaie et naturelle comme elle ne
l'avaitjamais été. Zésim lui en fit la remarque."Tout le mérite t'en
revient, dit-elle, dès que tu es raisonnable, jeme sens rassurée, et la
bonne humeur revient d'elle-même.- C'est donc déraisonnable de t'aimer?-
Oui, c'est même plus que cela.
- C'est dangereux?"Elle fit signe que oui, de la tête."Je ne peux pas
tout t'expliquer, mais mon amour ne t'apporteraitaucun bonheur, pas du
moins dans le sens où tu l'entends.- Tu veux donc finir ta vie comme une
vestale?"Dragomira sourit tristement."J'ai dit adieu à tout ce qui fait
soupirer le coeur d'une jeune fille,et je crois que j'ai eu raison. La
terre me semble une vallée dedouleurs, la vie un voyage malheureux et
lamentable à travers cettevallée, la nature une grande séductrice qui
attire nos ?mes à ellepour les perdre. Le démon, qui jadis, sous la
forme du serpent, tentales premiers hommes dans le paradis, chante
maintenant son chant desirène dans le murmure des bois verdoyants, dans
le chuchotement desflots argentés, dans la musique flatteuse du zéphyr
et les plaintesmélodieuses du rossignol. Il nous gouverne nous-mêmes
sans que nous enayons conscience; il cherche à nous persuader par la
gr?ce des paroleshumaines; à nous troubler par les caresses des lèvres
en fleur de lafemme, par le regard loyal de l'ami, par le regard
angélique des yeuxde l'enfant. Partout les pièges sont tendus; nous sommes enveloppés defilets, et
c'est à peine si nous pressentons où commence le péché.- Alors, selon
toi, il vaut mieux renoncer à tout ce qui faitl'ornement de la vie?-
Oui.- C'est bien triste.- Je me sens calme et satisfaite ainsi. Voilà
pourquoi je veux bient'aimer si tu consens à être mon ami, mon frère;
mais jamais unhomme ne m'entra?nera avec lui dans le tourbillon de ce
mondecoupable."En ce moment on sonna à la porte de la rue; peu après on
frappadoucement à la porte de la chambre. Cirilla se leva et sortit.
Elletrouva dans le corridor une femme habillée de drap gris. La
faiblelueur de la lampe, accrochée au mur, lui permit de distinguer
unvisage rond, plein, aux traits accentués, et deux yeux noirs
oùbrillait tout l'éclat fascinateur des regards orientaux. Les
deuxfemmes se parlèrent à voix basse quelques instants, puis
l'étrangèrepartit et Cirilla rentra dans la chambre.Zésim se leva un
moment pour allumer sa cigarette à la lampe. Lavieille murmura alors à
l'oreille de Dragomira:"C'était la juive, la propriétaire du cabaret
rouge.- Que voulait-elle?- Elle a fait une capture et voulait savoir si
elle peut compter survous, dit Cirilla mystérieusement.- Pourquoi ne le
fait-elle pas elle-même?- Le courage lui manque.