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2013-10-19 14:09:50
consentir àadmettre l'identité de l'homme placé en face de moi avec
le compagnon demes premières années. Le caractère de sa physionomie
avait toujours étéremarquable.
Un teint cadavéreux,—un ?il large, liquide et lumineux audelà de toute
comparaison,—des lèvres un peu minces et très-p?les, maisd'une courbe
merveilleusement belle,—un nez d'un moule hébra?que,très-délicat, mais
d'une ampleur de narines qui s'accorde rarement avecune pareille
forme,—un menton d'un modèle charmant, mais qui, par unmanque de
saillie, trahissait un manque d'énergie morale,—des cheveuxd'une douceur
et d'une ténuité plus qu'arachnéennes,—tous ces traits,auxquels il faut
ajouter un développement frontal excessif, luifaisaient une physionomie
qu'il n'était pas facile d'oublier. Maisactuellement, dans la simple
exagération du caractère de cette figure etde l'expression qu'elle
présentait habituellement, il y avait un telchangement, que je doutais
de l'homme à qui je parlais. La p?leurmaintenant spectrale de la peau et
l'éclat maintenant miraculeux del'?il me saisissaient particulièrement
et m'épouvantaient. Puis ilavait laissé cro?tre indéfiniment ses cheveux
sans s'en apercevoir, et,comme cet étrange tourbillon aranéeux flottait
plut?t qu'il ne tombaitautour de sa face, je ne pouvais, même avec de
la bonne volonté, trouverdans leur étonnant style arabesque rien qui
rappel?t la simple humanité.Je fus tout d'abord frappé d'une certaine
incohérence,—d'uneinconsistance dans les manières de mon ami,—et je
découvris bient?t quecela provenait d'un effort incessant, aussi faible
que puéril, pourma?triser une trépidation habituelle,—une excessive
agitation nerveuse.Je m'attendais bien à quelque chose dans ce genre, et
j'y avais étépréparé non-seulement par sa lettre, mais aussi par le
souvenir decertains traits de son enfance, et par des conclusions
déduites de sasingulière conformation physique et de son tempérament.
Son action étaitalternativement vive et indolente. Sa voix passait rapidement d'uneindécision tremblante,—quand les
esprits vitaux semblaient entièrementabsents,—à cette espèce de brièveté
énergique,—à cette énonciationabrupte, solide, pausée et sonnant le
creux,—à ce parler guttural etrude, parfaitement balancé et modulé,
qu'on peut observer chez leparfait ivrogne ou l'incorrigible mangeur
d'opium pendant les périodesde leur plus intense excitation.Ce fut dans
ce ton qu'il parla de l'objet de ma visite, de son ardentdésir de me
voir, et de la consolation qu'il attendait de moi. Ils'étendit assez
longuement et s'expliqua à sa manière sur le caractèrede sa maladie.
C'était, disait-il, un mal de famille, un malconstitutionnel, un mal
pour lequel il désespérait de trouver unremède,—une simple affection
nerveuse,—ajouta-t-ilimmédiatement,—dont, sans doute, il serait bient?t
délivré. Elle semanifestait par une foule de sensations extranaturelles.
Quelques-unes,pendant qu'il me les décrivait, m'intéressèrent et me
confondirent; ilse peut cependant que les termes et le ton de son débit y
aient été pourbeaucoup. Il souffrait vivement d'une acuité morbide des
sens; lesaliments les plus simples étaient pour lui les seuls
tolérables; il nepouvait porter, en fait de vêtement, que certains
tissus; toutes lesodeurs de fleurs le suffoquaient; une lumière, même
faible, luitorturait les yeux; et il n'y avait que quelques sons
particuliers,c'est-à-dire ceux des instruments à cordes, qui ne lui
inspirassent pasd'horreur.