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..suite.xA0;. 17 Tout comme ses écrits politiques, les lettres de Rosa Luxemburg sont d’une grande actualité pour penser l’attitude révolutionnaire, la dynamique de ce qu’est une vie, composée à la fois de sentiments intériorisés et de paroles dont la portée nous échappe. Pour elle, être révolutionnaire ne signifiait pas --> s’affranchir de sa part d’humanité, c’est-à-dire de ses capacités de raisonnement, des joies, des passions, des chagrins et de la mélancolie des espoirs dé?us. L’actualité de Rosa Luxemburg en ce début de xxie siècle est de nous rappeler que le désir de révolution a partie liée avec la vie des individus et qu’il est loin de se réduire aux pratiques révolutionnaires.
Quoi de plus naturel face à la morosité des sociétés capitalistes gouvernées par une culture du profit (culture qui compte un nombre de victimes bien réel) que de souhaiter vivre dans un monde différentxA0;?"" 2 xA0;La Nation s’est forgée une histoire pour démontrer sa propre nécessitéxA0;, dit l’éditeur, reproduisant ainsi une confusion fondamentale, courante d’ailleurs en France, entre xA0;étatxA0; et xA0;nationxA0;. L’ethnologue ne s’interroge ni sur la structure de l’état, ni sur le rapport entre cet état et l’idée de nation, questions qui sont à la base d’une différenciation culturelle entre les diverses sociétés dites modernes. Aussi a-t-il recours à une abstraction fourre-tout comme postulat pour expliquer la relation entre le monument et l’histoire nationale. Et Fabre d’affirmer que c’est le --> rapport à la xA0;modernitéxA0; qui est la clef pour comprendre la xA0;monumentalisationxA0; actuellexA0;: xA0;Tous les participants au séminaire, acceptent l’hypothèse générale de la modernitéxA0; (p. 25), affirme-t-il, pour en conclurexA0;: xA0;il y a plusieurs fa?ons de vivre la modernitéxA0; (p. 26), voire mêmexA0;: xA0;Il y a plusieurs modernitésxA0;. Ainsi, paradoxalement, le concept de xA0;modernitéxA0;, sans être défini, sert de point de départ à une réflexion sur ce que l’éditeur dénomme le xA0;vide métaphysique qui s’instaure en OccidentxA0;. longchamp pas cher 3 Daniel Fabre rappelle le transfert de l’autorité suprême de nos sociétés d’une xA0;sphère religieuse à une sphère civilexA0;, mais sans voir que la xA0;transcendance nationalexA0; résulte du fait que l’idée de la nation — qui se réfère aujourd’hui à un ensemble de citoyens que les élites politicoéconomiques voudraient voir idéalement sans racine géographique, ethnique ou culturelle particulière — a été divinisée. L’éditeur croit pouvoir affirmer que cette xA0;transcendance nationalexA0; serait en recul par rapport à d’autres références identitaires, dont l’Europe, ou le xA0;paysxA0;. Rend-il compte aussi de cette monumentalisation mise en ?uvre par les autorités au niveau de l’étatxA0;? Dire que les monuments sont des xA0;construction socialesxA0; n’explique rien, pas plus, d’ailleurs, que d’affirmer, par exemple, que la cité de Carcassonne est devenue une xA0;grande surface touristiquexA0;, dont l’essentiel de l’espace est revenu aux commer?ants et aux restaurateurs xA0;par le simple jeu du marchéxA0; (p. 24). Ces lieux communs sont utilisés dans la presse occidentale pour idéaliser le fonctionnement du système économique dominant et n’ont guère de pertinence pour cerner l’ethnologie des monuments historiques. De même, le texte de Marie-Geneviève Colin, également sur Carcassonne, se cl?t sur un regretxA0;: les xA0;services de l’étatxA0; dit-elle, xA0;n’[ont] pas su réagir à tempsxA0; pour empêcher une xA0;surenchère commercialexA0; de cette ville. Quel état et quelle administration régionale au bénéfice de quels intérêts privésxA0;? Les questions restent sans réponse.
Quant à la description minutieuse de l’ouverture des chateaux privés au public (Eric Mension-Rigau), la question du contexte socio-économique s’impose, à savoir les avantages que les chatelains retirent de cet effort pour élargir le xA0;champ muséographiquexA0; et offrir au public — fran?ais et étranger — l’espace muséifié du monde aristocratique à l’époque du surgelé et de l’achat par internet. --> 4 Le décloisonnement du champ de l’ethnologie et de l’anthropologie vers l’investigation de nos propres sociétés occidentales semble être désormais à l’ordre du jour. Si les contributions des auteurs amorcent l’étude ethnographique du patrimoine en Occident, la tache reste encore entièrexA0;: comprendre cette volonté de l’état de doter son territoire — par le biais du monument — de référents identitaires à une époque où ne cesse de cro?tre la distance entre les habitants dudit territoire national et les instances gouvernantes. 5 Margaret ManaleJean Marc Stébé, avec la collaboration d’Alexandre Mathieu-Fritz, Architecture, urbanistique et société. Idéologies et représentations dans le monde urbain. Hommage à Henri Raymond, Paris, L’Harmattan, collection xA0;Villes et EntreprisesxA0;, 2001, 311 p.6 Le livre que nous proposent Jean Marc Stébé et Alexandre Mathieu-Fritz rend non seulement hommage à un sociologue inventif et précurseur à plus d’un titre, mais il jette aussi un éclairage précieux sur une ?uvre riche, plurielle et parfois difficile d’accès.