des clans. survetement soldes

C’est pourquoi, on peut reprendre les termes de Habermas appliqués à un certain monde féodal pour désigner –dans ce système aussi – des xA0;autorités supérieuresxA0; et d’autres xA0;inférieuresxA0; participant toutes d’un xA0;pouvoir homogènexA0; et donc de l’espace public à des degrés divers.L’inscription d’un modèle dans l’espace30 Le lieu où opère le porte-parole se situe sur un tertre, derrière l’endroit où se rassemblent aujourd’hui les clans pour des réunions au sein de la xA0;maison communexA0;, sur la place dite xA0;communexA0; (xwaj??chaa)[27] [27] Xw226; d233;signe le «xA0;commencementxA0;». J246;246; signifie...suite. Ce terme fran?ais manifeste le passage des missionnaires et leur tentative de faire de l’espace politique kanak hiérarchisé un espace communautaire où ce qui est commun est ce qui est public; mais on peut aussi entendre ce terme en référence à un modèle antérieur, xA0;structuré par la représentationxA0; comme le modèle féodal, où est commun ce qui renvoie plut?t au privatif (aux clans dépourvus de la possibilité de représenter le politique par défaut de statut élevé).
La xwaj??chaa (l’xA0;allée ou place de la maison communexA0;) est en effet supposée être le lieu où sont inscrits de fa?on invisible xA0;tous les clans par palierxA0;[28] [28] Explication 233;manant toujours de membres de clans «xA0;porte-parolexA0;». ...suite. Mais cette place est encadrée à une extrémité par le tertre rituel de l’apèrè-tèpe (xA0;porte-parolexA0;) et, à l’autre, par le tertre où vit le chef, à quelque trois cents mètres de là, non loin de la chapelle catholique du village[29] [29] C’est le signe mat233;riel de la transformation de la chefferie.. .suite. Aussi la distinction demeure-t-elle entre ce lieu des communs et celui des particuliers. Ce qui les réunit plus s?rement c’est leur référence partagée aux ancêtres. Les trois tertres cités s’inscrivent, dans cette logique, sur les terres d’un clan désigné comme ancien. Les sujets sont littéralement entourés par le tertre du chef et par celui du porte-parole, et l’ensemble de cette unité politique est inscrit spatialement au sein d’un espace appartenant à des plus xA0;anciensxA0; encore. Ce dispositif spatial qui ne se donne pas à voir facilement me semble cependant très éclairant quant à ce que scellent les deux secrets politiques évoqués jusqu’ici: d’un c?té la distinction statutaire et la hiérarchisation entre des clans de rangs chef et sujet, et, de l’autre, l’inclusion, voire l’embo?tement, des clans.
31 à y regarder de plus près, ce dispositif souligne aussi une chose fondamentale dans le fonctionnement politique kanak aussi bien à Canala qu’ailleurs. En effet, le clan xA0;englobantxA0; les trois tertres dont il vient d’être question n’est pas le clan considéré actuellement à Emma comme le grand sujet, soutien du chef contemporain, mais comme un clan qui fut, dit-on, antérieurement xA0;chefxA0; (selon la traduction locale), sans que l’on puisse discerner avec certitude s’il s’agit du clan d’un ancien chef (aaxa) ou celui des anciens grands sujets (kwara aéé). C’est là le signe que, même dans l’espace, la mémoire historique du politique est conservée – et ce même si les clans qui prévalaient autrefois sont soumis à la hiérarchie créée lors d’une nouvelle configuration.Des chefferies menacées par la rupture du secret32 Aussi, malgré les rites des autochtones et du porte-parole, une configuration politique n’est jamais définitive, ni même totalement exclusive d’une plus ancienne. Ce qui permet de s’y tenir sur une durée plus ou moins importante, c’est le maintien du secret sur le passé. Personne n’ignore vraiment que les chefferies actuelles n’ont pas toujours eu le même visage, pas plus que les sujets (Kwara) n’ignorent que les rites des xA0;chefsxA0; (Aaxa) ont consacré un nouvel ordre social (c’est même la connaissance de leur existence qui confère un sens et une force à ce qu’ils consacrent, en même temps que de cacher les gestes effectués renforce leur poids). En somme, savoir que l’on classe les clans et qu’on les relie est nécessaire; le tout est de ne pas savoir comment.