...suite de se présenter en retard. La punition n’est plus seulement entrevue comme un acte visant à réintégrer l’individu après qu’il ait été purgé de ses défauts [68] [68] Beno238;t Garnot, «?L’historiographie de la criminalit233;...
suite, mais comme l’imposition du respect de l’autorité du directeur face à l’acteur ainsi qu’à l’ensemble de la troupe.46 Cette vision disciplinaire de l’utilisation de la prison dans les relations de travail entre artisans de la scène est confirmée par l’acteur Jacques-Antoine Mussard dit Dumont, acteur des Associés et ensuite de l’Ambigu-Comique, qui dans un pamphlet visant à rehausser la réputation (morale et civique) des théatres de boulevard, évoque cette pratique de l’enfermement des acteurs au For-l’évêque. Il affirme que ?les Acteurs du Boulevart y vont pour des riens tant on les soumet au despotisme des Entrepreneurs. Et j’y fus bien, moi?! & cela pour avoir manqué au profond respect qu’on entendoit que je rendis au Directeur? [69] [69] ...suite. Cette référence au public n’est pas anodine, elle traduit le poids que ce dernier exerce sur la réussite financière. On cherche à tout prix à éviter les murmures, car une représentation suivant son cours normal sans anicroche est beaucoup plus à même de répondre à la volonté de divertissement du public. Tous les soirs, le directeur doit livrer à des clients ce pour quoi ils ont payé?; le public est tout-puissant, il décide facilement de l’avenir de ces entreprises, le nombre élevé de faillites des entreprises théatrales sur le boulevard n’y est pas étranger [75] [75] À Comme je veux qu’on respecte le public et maintenir le bon ordre dans ma troupe, ne voulant pas l’imposer à une amende au moins d’un louis, je vous prie de vouloir le faire passer en prison. Son exemple servira à corriger le sieur Carlu, qui joue le r?le de Capricorne dans la comédie du Coffre, qui s’est mis plusieurs fois dans ce cas et dont la récidive le conduiroit à la réforme, ce seroit dommage, car il est fort bon acteur.J’ai l’honneur d’être, Monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.Signé?: Léluze de Tilloy [76] [76] AN Y 13301, 11 octobre 1778. .
..suite50 Plusieurs éléments de cette lettre éclairent la manière dont le directeur con?oit la nécessité de la peine d’emprisonnement, mais renseignent également sur l’importance de la prison dans les relations de travail. Dans un premier temps, on constate une gradation des peines (amendes de plus en plus substantielles), ce qui confirme l’aspect évolutif des sanctions encourues par le comédien et la confirmation que l’emprisonnement relève d’une certaine finalité disciplinaire. Dans un second temps, le rapport que le directeur entretient avec le public est primordial, car il entend bien que l’acteur aussi le ?respecte?, mais en fait, et dans un troisième temps, c’est le directeur qui cherche à être respecté de son acteur afin de ?maintenir le bon ordre?. Finalement, l’idée d’exemplarité de la peine ( ?son exemple servira?) confirme que le directeur est en processus d’imposition de son autorité face à la troupe et que la police devient un maillon fondamental dans la construction de ces relations de travail. Cette lettre est un acte d’autorité du directeur envers son acteur ainsi que la confirmation de la hiérarchie en place maquillée sous le couvert d’arguments policiers, tels que le respect de l’ordre et de la tranquillité.
