Pourtant, bien que l’ivresse soit signalée dans ces rapports, elle ne constitue pas le motif premier de l’arrestation?: Nicolet déplore que ?ledit André [un de ses acteurs] se prend de vin très souvent et qu’il est hors d’état de faire son service? [46] [46] AN Y 16022, 7 juillet 1778. ...suite ou que Delor est ?venu ivre au spectacle au point qu’on a été obligé de changer de pièce? [47] [47] AN Y 16022, 21 juillet 1779. ..
.suite ou encore qu’Hubert Boubert a ?manqué son service parce qu’il étoit ivre? [48] [48] AN Y 16022, 9 septembre 1779. ...suite. Nicolet n’est pas le seul directeur à sévir contre ses acteurs, Audinot procède à quelques arrestations et l’on retrouve également des directeurs de moindre importance, comme par exemple Valcour des Délassements-Comiques, qui fait arrêter Georges Demoile ?pour s’être présenté sur la scène étant ivre? [49] [49] AN Y 16022, 28 juin 1785. ...suite. On pourrait multiplier les exemples dans ce domaine pour montrer que si le directeur entend faire emprisonner son acteur, c’est essentiellement parce qu’il trouble le spectacle et non pas parce qu’il est simplement ivre. ..
.suite32 Que trouve à répondre l’acteur concerné?? Qu’il a été insulté par ses directeurs, qu’il est la victime et non le coupable dans cette histoire?; explication sans conviction qui mène le délinquant directement dans les ge?les du For-l’évêque. Dans ce procès-verbal, les directeurs offrent une lecture de leur quotidien au commissaire afin d’être s?rs de l’arrestation et de l’emprisonnement de leur acteur. Ils se présentent comme des gens modérés, qui désirent la tranquillité et la concorde publique, ils se placent dans une position stratégique réfléchie?: en se confiant de cette manière au commissaire, on laisse entendre à ce dernier qu’il est le seul à pouvoir agir, ce qu’il fera, mais la véritable autorité reste le directeur. Ces agissements font fortement penser à ceux des corporations, où le recours à la police sert de mécanisme de punition visant à maintenir une hiérarchie nécessaire parce que bienfaitrice pour l’ouvrier (ou l’acteur), du moins c’est ce que l’on présente dans le procès-verbal. Reste la question du ?scandale public?, que nous détaillerons plus loin.33 Un autre cas peut nous aider à y voir plus clair, celui-ci concerne deux arrestations de police d’un même acteur à deux mois d’intervalle pour des motifs similaires.
