Marguerite montra du doigt les deux hommes à Charles. Eh bien, demanda le roi,
que veut dire cela Cela veut dire, répondit Marguerite, que M. le duc d'Alen?on
peut remettre son cordon dans sa poche et MM. d'Anjou et de Guise leur épée dans
le fourreau, attendu que M. de La Mole ne repassera pas cette nuit par le
corridor. VIII-Projets de vengeance 75 Page 80 IX-Les Atrides Depuis son retour
à Paris, Henri d'Anjou n'avait pas encore revu librement sa mère Catherine,
dont, comme chacun sait, il était le fils bien-aimé. C'était pour lui non pas la
vaine satisfaction de l'étiquette, non plus un cérémonial pénible à remplir,
mais l'accomplissement d'un devoir bien doux pour ce fils qui, s'il n'aimait pas
sa mère, était s?r du moins d'être tendrement aimé par elle. , En effet, Catherine préférait réellement ce fils, soit pour sa
bravoure, soit plut?t pour sa beauté, car il y avait, outre la mère, de la femme
dans Catherine, soit enfin parce que, suivant quelques chroniques scandaleuses,
Henri d'Anjou rappelait à la Florentine certaine heureuse époque de mystérieuses
amours. Catherine savait seule le retour du duc d'Anjou à Paris, retour que
Charles IX e?t ignoré si le hasard ne l'e?t point conduit en face de l'h?tel de
Condé au moment même où son frère en sortait. Charles ne l'attendait que le
lendemain, et Henri d'Anjou espérait lui dérober les deux démarches qui avaient
avancé son arrivée d'un jour, et qui étaient sa visite à la belle Marie de
Clèves, princesse de Condé, et sa conférence avec les ambassadeurs polonais.
C'est cette dernière démarche, sur l'intention de laquelle Charles était
incertain, que le duc d'Anjou avait à expliquer à sa mère ; et le lecteur, qui,
comme Henri de Navarre, était certainement dans l'erreur à l'endroit de cette
démarche, profitera de l'explication. Aussi lorsque le duc d'Anjou, longtemps
attendu, entra chez sa mère, Catherine, si froide, si compassée d'habitude,
Catherine, qui n'avait depuis le départ de son fils bien-aimé embrassé avec
effusion que Coligny qui devait être assassiné le lendemain, ouvrit ses bras à
l'enfant de son amour et le serra sur sa poitrine avec un élan d'affection
maternelle qu'on était étonné de trouver encore dans ce cur desséché. Puis elle
s'éloignait de lui, le regardait et se reprenait encore à l'embrasser. Ah !
madame, lui dit-il, puisque le ciel me donne cette satisfaction IX-Les Atrides
76 Page 81 La Reine Margot - Tome II d'embrasser sans témoin ma mère, consolez
l'homme le plus malheureux du monde. Eh ! mon Dieu !
mon cher enfant, s'écria Catherine, que vous est-il donc arrivé Rien que vous ne
sachiez, ma mère. Je suis amoureux, je suis aimé ; mais c'est cet amour même qui
fait mon malheur à moi. Expliquez-moi cela, mon fils, dit Catherine. Eh ! ma
mère ces ambassadeurs, ce départ Oui, dit Catherine, ces ambassadeurs sont
arrivés, ce départ presse. Il ne presse pas, ma mère, mais mon frère le
pressera. Il me déteste, je lui fais ombrage, il veut se débarrasser de moi.
Catherine sourit.
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