Angèle n’est point un gar?on.Et la Porporina est ma fille aussi ! dit le
chanoine ;oui, ma fille, oui, oui, ma fille ! répétatil enregardant
alternativement Consuelo et le volkameriaBertoni avec des yeux remplis de
larmes. à six heures, Joseph et Consuelo étaient rentrés aulogis. La voiture les
avait laissés à l’entrée du faubourg,et rien ne trahit leur innocente escapade.
Le Porporas’étonna seulement que Consuelo n’e?t pas meilleurappétit après une
promenade dans les belles prairies quientourent la capitale de l’empire. Le
déjeuner duchanoine avait peutêtre rendu Consuelo un peu friandece jourlà. Mais
le grand air et le mouvement luiprocurèrent un excellent sommeil, et le
lendemain ellese sentit en voix et en courage plus qu’elle ne l’avaitencore été
à Vienne. LXXXIX Dans l’incertitude de sa destinée, Consuelo, croyanttrouver
peutêtre une excuse ou un motif à celle de sonc?ur, se décida enfin à écrire au
comte Christian deRudolstadt, pour lui faire part de sa position visàvisdu
Porpora, des efforts que ce dernier tentait pour lafaire rentrer au théatre, et
de l’espérance qu’ellenourrissait encore de les voir échouer. Elle lui
parlasincèrement, lui exposa tout ce qu’elle devait dereconnaissance, de
dévouement et de soumission à sonvieux ma?tre, et, lui confiant les craintes
qu’elleéprouvait à l’égard d’Albert, elle le priait instammentde lui dicter la
lettre qu’elle devait écrire à ce dernierpour le maintenir dans un état de
confiance et de calme.Elle terminait en disant : J’ai demandé du temps àVos
Seigneuries pour m’interroger moimême et medécider. Je suis résolue à tenir ma
parole, et je puis jurerdevant Dieu que je me sens la force de fermer monc?ur et
mon esprit à toute fantaisie contraire, comme àtoute nouvelle affection. Et
cependant, si je rentre authéatre, j’adopte un parti qui est, en apparence,
uneinfraction à mes promesses, un renoncement formel à l’espérance de les tenir.
Que Votre Seigneurie me juge,ou plut?t qu’elle juge le destin qui me commande et
ledevoir qui me gouverne. Je ne vois aucun moyen dem’y soustraire sans crime.
J’attends d’elle un conseilsupérieur à celui de ma
propre raison ; mais pourratilêtre contraire à celui de ma conscience ? Lorsque
cette lettre fut cachetée et confiée à Josephpour qu’il la fit partir, Consuelo
se sentit plustranquille, ainsi qu’il arrive dans une situation
funeste,lorsqu’on a trouvé un moyen de gagner du temps et dereculer le moment de
la crise. Elle se disposa donc àrendre avec Porpora une visite, considérée par
celuicicomme importante et décisive, au très renommé et trèsvanté poète
impérial, M. l’abbé Métastase. Ce personnage illustre avait alors environ
cinquanteans ; il était d’une belle figure, d’un abord gracieux,d’une
conversation charmante, et Consuelo e?t ressentipour lui une vive sympathie, si
elle n’e?t eu, en serendant à la maison qu’habitaient, à différents étages,
lepoète impérial et le perruquier Keller, la conversationsuivante avec Porpora :
Consuelo c’est le Porpora qui parle, tu vas voirun homme de bonne mine, à l’?il
vif et noir, au teintvermeil, à la bouche fra?che et souriante, qui veut, àtoute
force, être en proie à une maladie lente, cruelle etdangereuse ; un homme qui
mange, dort, travaille et engraisse tout comme un autre, et qui prétend être
livréà l’insomnie, à la diète, à l’accablement, au marasme.N’aie pas la
maladresse, lorsqu’il va se plaindre devanttoi de ses maux, de lui dire qu’il
n’y para?t point, qu’il afort bon visage, ou toute autre platitude semblable ;
caril veut qu’on le plaigne, qu’on s’inquiète et qu’on lepleure d’avance. N’aie
pas le malheur non plus de luiparler de la mort, ou d’une personne morte ; il a
peur dela mort, et ne veut pas mourir. Et cependant necommets pas la balourdise
de lui dire en le quittant :“J’espère que votre précieuse santé sera
bient?tmeilleure” ; car il veut qu’on le croie mourant, et, s’ilpouvait
persuader aux autres qu ’il est mort, il en seraitfort content, à condition
toutefois qu’il ne le cr?t pasluimême.
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