Non, mais finissez-en avec vos récits. Ce n'est pas moi qui demande à les faire,
c'est vous qui me demandez pourquoi je suis en retard. Sans doute ; est-ce à moi
d'arriver la première Eh ! vous n'avez personne à chercher, vous. Vous êtes
assommant, mon cher ; mais continuez. Enfin, au coin de la rue de Grenelle, vous
apercevez un homme qui ressemble à La Mole Mais qu'avez-vous donc à votre
pourpoint du sang ! Bon ! en voilà encore un qui m'aura éclaboussé en tombant.
Vous vous êtes battu Je le crois bien. Pour votre La Mole Pour qui voulez-vous
que je me batte pour une femme Merci ! Je le suis donc, cet homme qui avait
l'impudence d'emprunter des airs de mon ami. , Je le
rejoins à la rue Coquillière, je le devance, je le regarde sous le nez à la
lueur d'une boutique. Ce n'était pas lui. Bon ! c'était bien fait. Oui, mais mal
lui en a pris. Monsieur, lui ai-je dit, vous êtes un fat de vous permettre de
ressembler de loin à mon ami M. de La Mole, lequel est un cavalier accompli,
tandis que de près on voit bien que vous n'êtes qu'un XIII-Oreste et Pylade 115
Page 120 La Reine Margot - Tome II truand. Sur ce, il a mis l'épée à la main et
moi aussi. ? la troisième passe, voyez le mal appris ! il est tombé en m'éclaboussant. Et
lui avez-vous porté secours, au moins J'allais le faire quand est passé un
cavalier. Ah ! cette fois, duchesse, je suis s?r que c'était La Mole.
Malheureusement le cheval courait au galop. Je me suis mis à courir après le
cheval, et les gens qui s'étaient rassemblés pour me voir battre, à courir
derrière moi. Or, comme on e?t pu me prendre pour un voleur, suivi que j'étais
de toute cette canaille qui hurlait après mes chausses, j'ai été obligé de me
retourner pour la mettre en fuite, ce qui m'a fait perdre un certain temps.
Pendant ce temps le cavalier avait disparu.