, Je me suis mis à courir après le cheval, et les gens qui s'étaient rassemblés
pour me voir battre, à courir derrière moi. Or, comme on e?t pu me prendre pour
un voleur, suivi que j'étais de toute cette canaille qui hurlait après mes
chausses, j'ai été obligé de me retourner pour la mettre en fuite, ce qui m'a
fait perdre un certain temps. Pendant ce temps le cavalier avait disparu. Je me
suis mis à sa poursuite, je me suis informé, j'ai demandé, donné la couleur du
cheval ; mais, baste ! inutile : personne ne l'avait remarqué. Enfin, de guerre
lasse, je suis venu ici. De guerre lasse ! dit la duchesse ; comme c'est
obligeant ! ?coutez, chère amie, dit Coconnas en se renversant nonchalamment
dans un fauteuil, vous m'allez encore persécuter à l'endroit de ce pauvre La
Mole ; eh bien ! vous aurez tort : car enfin, l'amitié, voyez-vous Je voudrais
avoir son esprit ou sa science, à ce pauvre ami ; je trouverais quelque
comparaison qui vous ferait palper ma pensée L'amitié, voyez-vous, c'est une
étoile, tandis que l'amour l'amour eh bien, je la tiens, la comparaison l'amour
n'est qu'une bougie. Vous me direz qu'il y en a de plusieurs espèces D'amours
Non ! de bougies, et que dans ces espèces il y en a de préférables : la rose,
par exemple va pour la rose c'est la meilleure ; mais, toute rose qu'elle est,
la bougie s'use, tandis que l'étoile brille toujours. ? cela vous me répondrez que quand la bougie est usée on en met une
autre dans le flambeau. Monsieur de Coconnas, vous êtes un fat. Là ! Monsieur de
Coconnas, vous êtes un impertinent. Là ! là ! Monsieur de Coconnas, vous êtes un
dr?le. Madame, je vous préviens que vous allez me faire regretter trois fois
plus La Mole. XIII-Oreste et Pylade 116 Page 121 La Reine Margot - Tome II Vous
ne m'aimez plus. Au contraire, duchesse, vous ne vous y connaissez pas, je vous
idol?tre. ,
Mais je puis vous aimer, vous chérir, vous idol?trer, et, dans mes moments
perdus, faire l'éloge de mon ami. Vous appelez vos moments perdus ceux où vous
êtes près de moi, alors Que voulez-vous ! ce pauvre La Mole, il est sans cesse
présent à ma pensée. Vous me le préférez, c'est indigne ! Tenez, Annibal ! je
vous déteste. Osez être franc, dites-moi que vous me le préférez. Annibal, je
vous préviens que si vous me préférez quelque chose au monde Henriette, la plus
belle des duchesses ! pour votre tranquillité, croyez-moi, ne me faites point de
questions indiscrètes. Je vous aime plus que toutes les femmes, mais j'aime La
Mole plus que tous les hommes. Bien répondu, dit soudain une voix étrangère.
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