, -Je le crois capable de tout, répondit Morcerf. -Faites attention qu'avec les
cinq minutes de gr?ce, nous n'avons plus que dix minutes. -Eh bien, j'en
profiterai pour vous dire un mot de mon convive. -Pardon, dit Beauchamp, y
a-t-il matière à un feuilleton dans ce que vous allez nous raconter, -Oui,
certes, dit Morcerf, et des plus curieux, même. -Dites alors, car je vois bien
que je manquerai la Chambre ; il faut bien que je me rattrape. -J'étais à Rome
au carnaval dernier. -Nous savons cela, dit Beauchamp. -Oui, mais ce que vous ne savez pas, c'est que j'avais été enlevé par
des brigands. -Il n'y a pas de brigands, dit Debray. -Si fait, il y en a, et de
hideux même, c'est-à-dire d'admirables, car je les ai trouvés beaux à faire
peur. -Voyons, mon cher Albert, dit Debray, avouez que votre cuisinier est en
retard, que les hu?tres ne sont pas arrivées de Marennes ou d'Ostende, et qu'à
l'exemple de Mme de Maintenon, vous voulez remplacer le plat par un comte.
Dites-le, mon cher, nous sommes d'assez bonne compagnie pour vous le pardonner
et pour écouter votre histoire, toute fabuleuse qu'elle promet d'être. -Et, moi,
je vous dis, toute fabuleuse qu'elle est, que je vous la donne pour vraie d'un
bout à l'autre. Les brigands m'avaient donc enlevé et m'avaient conduit dans un
endroit fort triste qu'on appelle les catacombes de Saint-Sébastien. , -Je connais cela, dit Ch?teau-Renaud, j'ai manqué d'y attraper la
fièvre. -Et, moi, j'ai fait mieux que cela, dit Morcerf, je l'ai eue réellement.
On m'avait annoncé que j'étais prisonnier sauf ran?on, une misère, quatre mille
XXXIX. Les convives. 143 Page 147 Le Comte de Monte-Cristo, Tome II écus
romains, vingt-six mille livres tournois. Malheureusement je n'en avais plus que
quinze cents ; j'étais au bout de mon voyage et mon crédit était épuisé.
J'écrivis à Franz.