CIII. Maximilien. 191 Page 196 Le Comte de Monte-Cristo, Tome IV Noirtier fit
entendre un sourd r?lement. D'Avrigny se retourna, les yeux du vieillard
étincelaient. Le bon docteur comprit que Noirtier réclamait la vue de son
enfant, il le rapprocha du lit, et tandis que le médecin des morts trempait dans
de l'eau chlorurée les doigts qui avaient touché les lèvres de la trépass ée, il
découvrit ce calme et p?le visage qui semblait celui d'un ange endormi. Une
larme qui reparut au coin de l'il de Noirtier fut le remerciement que re?ut le
bon docteur. Le médecin des morts dressa son procès-verbal sur le coin d'une
table, dans la chambre même de Valentine, et, cette formalité suprême accomplie,
sortit reconduit par le docteur. ,
Villefort les entendit descendre et reparut à la porte de son cabinet. En
quelques mots il remercia le médecin, et, se retournant vers d'Avrigny : ?Et
maintenant ! dit-il, le prêtre Avez-vous un ecclésiastique que vous désirez plus
particulièrement charger de prier près de Valentine demanda d'Avrigny. Non, dit
Villefort, allez chez le plus proche. Le plus proche, fit le médecin est un bon
abbé italien qui est venu demeurer dans la maison voisine de la v?tre.
Voulez-vous que je le prévienne en passant D'Avrigny, dit Villefort, veuillez,
je vous prie, accompagner monsieur. ?Voici la clef pour que vous puissiez entrer
et sortir à volonté. ?Vous ramènerez le prêtre, et vous vous chargerez de
l'installer dans la chambre de ma pauvre enfant. Désirez-vous lui parler, mon ami Je désire être seul. Vous m'excuserez, n'est-ce
pas Un prêtre doit comprendre toutes les douleurs, même la douleur paternelle.?
Et M. de Villefort, donnant un passe-partout à d'Avrigny, salua une dernière
fois le docteur étranger et rentra dans son cabinet, où il se mit à travailler.
Pour certaines organisations, le travail est le remède à toutes les douleurs. Au
moment o ù ils descendaient dans la rue, ils aper?urent un homme vêtu d'une
soutane, qui se tenait sur le seuil de la porte voisine. ?Voici celui dont je
vous parlais?, dit le médecin des morts à d'Avrigny.