Malgré tout, il semble que progressivement, dans tous les pays, la
raison fondamentale de l’intervention de l’état devienne le besoin de
s’assurer la loyauté politique des paysans : ce fut le cas des états
fondés sur le suffrage universel (France et Belgique) aussi bien que des
états ayant un mode de suffrage plus restreint (Espagne, Prusse). De
fa?on plus surprenante, ce fut aussi le cas des dictatures du xxe
siècle, Salazar et Franco puis du régime communiste hongrois.26 Mais
comment les gouvernements apprécient-ils les besoins et les voeux des
sociétés rurales ? Ceux-ci sont le plus fréquemment exprimés par les
plus riches propriétaires, qui veulent sauvegarder leurs intérêts
personnels, aussi est-il nécessaire de comprendre l’influence mutuelle
entre propriétaires et gouvernement. Ce dernier agit selon ses projets
de société et ceci peut le conduire à une politique complexe qui associe
les encouragements au progrès technique d’une part avec le
traditionalisme culturel et religieux d’autre part, poussant ainsi à un
isolement culturel des campagnes devenues conservatoires des traditions:
ce fut le cas en Belgique et en France durant la Grande Dépression,
puis sous les dictatures de Franco et Salazar. Il appara?t bien que ces
représentations des sociétés rurales furent parfois en discordance avec
la réalité.27 Quelle fut l’efficacité de l’intervention de l’état ? On
est habitué à croire qu’il fut le principal agent de modernisation, par
opposition aux paysans arc-boutés sur leurs traditions. Plusieurs
exemples ont montré que des paysans indépendants ou des paysans
regroupés en associations (comices ou syndicats) ne restaient pas
passifs ; au contraire, ils ont innové et leurs solutions ont pu être
reprises ensuite par les politiques publiques (ex.
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de la jac en France).28 La confrontation des situations nationales
montre partout, au-delà des différences, une intervention croissante de
l’état, ce que révèle la multiplication des organes gouvernementaux
chargés de l’agriculture. Certaines de ces étapes ont fait l’objet
d’études : l’utilisation des enquêtes et des outils statistiques à
partir des années 1760 (France et Allemagne), la création d’un bureau de
l’agriculture au sein d’un ministère puis d’un ministère à part entière
dans tous les pays, la création de chambres d’agriculture et autres
organismes consultatifs (Prusse, Espagne), l’aide de l’état aux banques
locales destinées à soutenir les réformes agraires (Prusse) ou la
modernisation (France, Belgique), enfin la création d’un corps
d’ingénieurs agricoles et d’écoles pour la formation d’agriculteurs.29
Afin de mieux comprendre ces processus décisionnels de l’état, une
session du colloque fut consacrée à cet aspect précis, la formation des
agriculteurs. Quels r?les respectifs revint aux propriétaires, aux
petits paysans et aux gouvernants ? Qui prit les initiatives ? Les
propriétaires furent généralement, dès les années 1820-30, à l’origine
des fermes modèles destinées à former des contrema?tres ou chefs de
culture (Cosimo Ridolfi en Italie, Mathieu de Dombasle en France, Edvard
Nonnen en Suède). Ce système était bien adapté aux besoins des grandes
fermes employant des journaliers ou encore des grandes fermes italiennes
de la mezzadria. Dans les années 1840-50, l’état accepta d’intervenir
en finan?ant surtout l’enseignement de haut niveau, en particulier la
recherche agronomique. Alors que la plupart des états ont accru progressivement leur degré
d’intervention, la Suède se distingue par des fluctuations. L’état y a
soutenu l’enseignement agricole dans les années 1830 avant de marquer un
net recul au cours des années 1860. Puis la Grande Dépression l’incita,
comme dans tous les autres états, à intervenir afin d’aider les
fermiers à faire face aux difficultés.30 L’enseignement agricole ne
rencontra qu’un succès limité, les faibles effectifs provenant du manque
d’enthousiasme de la population rurale. Les subventions allouées
restaient souvent bien maigres car les propriétaires, élus dans les
assemblées législatives, ne voulaient pas voter les crédits, trait
général en Europe, de l’Espagne à la Suède. L’offre de formation
était-elle adaptée aux besoins réels des paysans ? Les cas étudiés
permettent d’en douter fortement. Il appara?t nettement que
l’enseignement ne fournissait qu’une petite partie de l’apprentissage
des jeunes hommes et femmes ; il était complété par la formation des
jeunes embauchés dans les grandes fermes, les services créés par l’état
pour conseiller les agriculteurs (professeurs, stations agronomiques,
services créés aussi par les associations et syndicats, sans oublier les
conseils des firmes privées qui vendent les machines et engrais); enfin
il faudrait donner plus d’attention aux média (almanachs, revues
agronomiques, puis films).
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Dans la mesure où les petites exploitations dominent dans la plupart
des pays, une grande partie du processus de formation des agriculteurs a
rendu nécessaire l’implication des organismes publics.31 Cette
rencontre prouve, s’il en était encore besoin, la richesse des
confrontations internationales. Elle souligne l’originalité de chaque
région tout en montrant les mouvements fondamentaux qui ont souvent un
socle commun.32 Nadine VivierGeorges Pompidou et le monde des campagnes,
1962-1974, colloque d’Aurillac, organisé par l’Association Georges
Pompidou, 8-9 juin 200633 La période durant laquelle Georges Pompidou
fut Premier ministre (1962-1968) puis Président de la République
(1969-1974) correspond à une phase de mutations décisives dans le monde
rural : baisse considérable du nombre des agriculteurs et de leur part
dans la population active, mais aussi de la population rurale dans son
ensemble.34 Le colloque organisé par l’association Georges Pompidou est
ouvert par Vincent Desc?urs, président du Conseil général du Cantal, qui
donne lecture du message adressé par Jacques Chirac, ancien ministre de
l’Agriculture et du Développement rural sous Georges Pompidou : il
rappelle ses racines cantaliennes, et met l’accent sur l’articulation
entre la modernisation des campagnes fran?aises au cours des années 1960
et 1970 et la dimension humaine, qu’il refusait de sacrifier sur
l’autel de la modernité . La tension entre progrès économique et
préoccupation sociale se révèle comme un élément structurant des
communications et des débats.35 Les deux premiers intervenants traitent
du rapport intime entre Georges Pompidou et le monde