J'aime vos lettres.J'ai d?né, hier, rue Murillo; nous avons passé la
soirée au jardin,regardant la féerie qu'est ce parc Monceau la nuit.
Suzanne, que j'aipris plaisir à inquiéter d'un vague projet de très
prochain voyage versvous, quand même, m'a montré un peu plus le
bout de l'oreille. Alors,j'ai pouffé,-ce qui l'a blessée-elle m'a dit
des mots piquants quej'ai pris aussit?t au sérieux de la meilleure foi du monde. Enfin,nous nous sommes attendris tous les deux avec la même foi et on m'afait promettre que j'attendrais.Nous nous sommes joué là une
amusante comédie, je vous jure. Votrebelle-mère suivait ce manège de
loin d'un ?il attendri.
Votrebelle-s?ur, beaucoup plus triste et sombre, évitait de nous regarder.Le plus comique, c'est que le jeune attaché d'embrassade, dépêché deGrèce par votre mari et monté à point pour tomber amoureux de sa nièce,nous suivait aussi très mélancoliquement des yeux. Pauvre
Poulos, va!J'ai fait quelque chose de gentil: je suis parti de chez
madame d'Aulnetavec ce bon Aprilopoulos et, sans avoir l'air d'y
toucher, j'ai parlédes conversations vraiment sérieuses et
transcendantes qu'on peut avoirmaintenant dans le monde avec les jeunes
filles: ?Ainsi, tenez, tout àl'heure, je viens d'avoir avec mademoiselle
d'Aulnet un entretien desplus...? J'ai vu l'?me inquiète de Poulos
rena?tre sur sa belle figurede Grec, et il ne tient qu'à moi qu'il ait
rêvé cette nuit de Suzannechaste de pensées, innocente de maintien,
entre plusieurs jeunesvieillards parisiens.Voilà. J'ai mérité ce soir, non de la patrie, mais des mères de famille.Adieu, je vous aime.XCVIIIDenise à Philippe.16
avril.J'ai eu une aperception très nette du visage d'Aprilopoulos
vousécoutant, cela m'a fait sourire. Mais nous y voici donc. On vous afait observer qu'il
Derrière ce on,
j'entrevois ma belle-mère catéchisant sa petite-fille,car la
malheureuse Alice, si résignée de caractère, si inquiète pourl'avenir de
Suzanne, n'aurait pas trouvé cela à elle toute seule.Aprilopoulos lui
appara?t réellement en deus ex machina et ellevoudrait déjà le
voir son gendre, d'autant qu'il est bon et charmant.Mais Suzanne objecte
qu'elle ne veut pas quitter Paris. Quand elles ontvingt-deux ans, on ne
marie pas ses filles comme on veut. T?chez donc,perverti que vous êtes,
de décider l'enfant g?tée, l'enfant terrible, àce mariage; ce serait
une bonne action. Maintenant, il faut que je vousrévèle la démarche
tentée auprès de moi par ma belle-mère. Je ne vousaurais jamais ennuyé
de ces potins familiaux si je ne voyais, par ce quis'est passé entre ma
nièce et vous, s'affirmer la volonté de madameTrémors et de Suzanne.
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