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2014-10-31 14:30:59
Contrairement à certaines affirmations péremptoires, lancer un nouvel
avion n'est pas un sujet simple en raison de l'enjeu stratégique et des
implications financières. Tout l'art de l'aéronautique est de savoir
anticiper les besoins des clients à long terme et de prendre des
risques. Aujourd'hui, la question qui se pose à EADS est double : Airbus
a-t-il besoin de ce nouvel appareil ? Et, si oui, comment le financer
alors que ses ressources propres sont sous tension ?Sur le premier
point, le consensus est quasi total. L'enjeu, c'est la présence à terme
d'Airbus sur un segment de marché rentable avec une demande estimée
entre 4 000 et 5 000 appareils d'ici à 2025. Ce marché, c'est celui des
liaisons aériennes point à point - par exemple Turin-Duba? ou Nice-New
York - qui évitent les grandes plateformes aéroportuaires, les hubs, ou
encore les liaisons régionales dans la zone Asie. Pour développer de
telles liaisons, les compagnies veulent des avions de 250 à 330 sièges à
très long rayon d'action.Boeing a répondu à ce besoin avec le B 787, un
avion qui conna?t un énorme succès commercial avec 432 commandes, dont
la première livraison est prévue en mai 2008.
Airbus estimait pouvoir répondre avec une version dérivée de son A 330,
un avion qui a contr?lé jusqu'à 70 % de son segment. Mais les clients
ont rejeté ce projet, estimant que l'A 330 dérivé serait dépassé par le
B 787 dans dix ans. Airbus a d? revoir sa copie. L'A 350 XWB se présente
comme un complément de l'A 380 qui, lui, est un super-jumbo destiné à
desservir les grands hubs mondiaux, et en rival direct du B 787. Airbus
ne peut être absent d'un tel segment de marché et laisser le champ libre
à Boeing. Les conséquences financières seraient à terme très négatives
pour l'avionneur européen. Plus grave encore, Airbus mettrait en péril
son existence en tant que constructeur leader en laissant un trou béant
dans sa gamme. Comme si Renault se privait de sa Laguna, laissant à ses rivaux Peugeot
et Citro?n toute latitude de faire la pluie et le beau temps avec leurs
407 et C5 sur le segment des grandes berlines familiales. En ne lan?ant
pas l'A 350, Airbus raterait une marche technologique et aurait un mal
fou à revenir dans la course. C'est en laissant leurs gammes s'étioler
que Lock-heed, numéro un mondial jusque dans les années 1950, a fini par
se faire avaler par Douglas qui, pour la même raison, a été repris par
McDonnell. Et Boeing, qui s'était attaché à développer une gamme
complète, a raflé la mise. Devenir un acteur de niche, c'est se placer
en position de faiblesse par rapport à Boeing et aux compagnies qui ont
besoin de tous les types d'avion. Airbus est-il vraiment prêt à
redevenir un constructeur de petits avions ? Acontrario, les
détracteurs de l'A 350 se demandent si, malgré tout, Airbus n'a pas pris
trop de retard. ? quoi bon lancer un avion qui arrivera sur le marché
en 2012 au mieux, soit quatre à cinq ans après le B 787 ? Les mêmes
observateurs assurent qu'Airbus peut parfaitement survivre avec l'A 330
et qu'il doit conserver ses ressources financières pour le
renouvellement de sa gamme de monocouloirs, c'est-à-dire la famille
A 320, devenue son best-seller.
L'enjeu est également de taille : ces avions de 100 à 220 sièges
capteront 70 % du marché total dans les vingt ans à venir avec un besoin
estimé des compagnies de plus de 15 300 appareils. Boeing a déjà lancé
une étude préliminaire sur ce sujet dans la perspective du
renouvellement de son B 737. Enfin, ajoutent les opposants à l'A 350, le
co?t est trop élevé pour l'avionneur au moment où il doit tout à la
fois revoir son modèle industriel et réaliser des économies.Un avion,
cela co?te en effet très cher : entre 9 et 10 milliards d'euros pour
l'A 350. EADS peut espérer confier entre 30 et 35 % du financement aux
futurs partenaires industriels du programme et à ses sous-traitants. Il
compte aussi recevoir des avances publiques européennes via un mécanisme
d'aide qui soit acceptable par l'OMC et les ?tats-Unis. EADS compte
aussi sur les 2 milliards d'euros d'économies annuelles que doit dégager
le plan ?nergie 8.