分类: NOSQL
2014-10-11 11:39:20
Sur le bateau, c'était un remue-ménage effroyable. Les passagers
cherchaient leurs malles ; les matelots juraient en roulant des tonneaux
dans l'ombre. Il pleuvait... Je me h?tai de rejoindre ma mère, Jacques
et la vieille Annou qui étaient à l'autre bout du bateau, et nous voilà
tous les quatre, serrés les uns contre les autres, sous le grand
parapluie d'Annou, tandis que le bateau se rangeait au long des quais et
que le débarquement commen?ait, En vérité, si M.
Eyssette n'était pas venu nous tirer de là, je crois que nous n'en
serions jamais sortis. Il arriva vers nous, à t?tons, en criant : “ Qui
vive! qui vive ! ” A ce “qui vive ! ” bien connu, nous répond?mes :
“amis!” tous les quatre à la fois avec un bonheur, un soulagement
inexprimable... M. Eyssette nous embrassa lestement, prit mon frère
d'une main, moi de l'autre, dit aux femmes : “ Suivez-moi!” et en
route.. . Ah! c'était un homme. Nous avancions avec peine ; il faisait nuit, le
pont glissait. A chaque pas, on se heurtait contre des caisses... Tout à
coup, du bout du navire, une voix stridente, éplorée, arrive jusqu'à
nous: “Robinson! Robinson!” disait la voix.
“ Ah ! mon Dieu ! ” m'écriai-je ; et j'essayai de dégager ma main de
celle de mon père ; lui, croyant que j'avais glissé, me serra plus fort.
La voix reprit, plus stridente encore, et plus éplorée : “ Robinson!
mon pauvre Robinson!” Je fis un nouvel effort pour dégager ma main. “
Mon perroquet, criai-je, mon perroquet! - Il parle donc maintenant ?”
dit Jacques. S'il parlait, je crois bien; on l'entendait d'une lieue.
Dans mon trouble, je l'avais oublié là-bas, tout au bout du navire, près
de l'ancre, et c'est de là qu'il m'appelait, en criant de toutes ses
forces : “ Robinson ! Robinson ! mon pauvre Robinson ! ” Malheureusement
nous étions loin; le capitaine criait : “ Dépêchons-nous. ” “ Nous
viendrons le chercher demain, dit M. Eyssette, sur les bateaux, rien ne
s'égare.