Il serait trop facile de se réfugier dans un discours déclamatoire.Il
est temps que chaque acteur, où qu'il soit, quel que soit son pouvoir ou
son influence, évalue, connaisse et joue son r?le dans ce combat pour
les générations futures. Mais il ne s'agit pas seulement de défendre
telle ou telle thèse. Les mouvements sont multiples et souvent
efficaces, qui font avancer la préservation de l'environnement ou le
respect des hommes et des cultures. Il s'agit d'aller plus loin. Si
chaque acteur - chef d'entreprise, banquier, responsable syndical ou
associatif, dirigeant politique - a ses propres objectifs et des devoirs
à l'égard de ceux qui l'ont installé là où il est, il doit toujours
avoir en tête et dans son action quotidienne l'effet de sa politique sur
l'environnement et sur la société, les sociétés.C'est au niveau d'une
collectivité territoriale, d'un ?tat, d'une Région, d'une ville, que
l'on doit mettre autour de la table tous ceux qui agissent dans
l'économie, le social, la culture, l'écologie et donc dans la société.
C'est là que les responsables peuvent se rassembler, résoudre
pacifiquement les conflits, souvent inévitables, parfois même
souhaitables, engager des coopérations durables pour construire
ensemble.Chaque maire, chaque président de Région, chaque chef d'?tat
devrait se faire le chef d'orchestre d'un ensemble de musiciens
aujourd'hui désaccordés, pour parvenir, à ce que l'Antiquité grecque ou
les sociétés asiatiques se donnaient comme projet : une ? Société
harmonieuse ?. Il ne s'agit pas de disserter sur l'économie en général,
mais de partir des réalités existantes. Prenons par exemple une filière
de production et de commercialisation - le textile (on pense à
l'industrie textile chinoise qui envahit les commerces européens), la
filière agroalimentaire (qui n'a pas été ému par le film Le Cauchemar de
Darwin ?), les médicaments (et le jardinier de John Le Carré), ou le
tourisme. On aimerait voir tous les acteurs de la filière réfléchir et
agir ensemble sur la répartition des revenus ou l'effet sur
l'environnement.Les exemples sont nombreux d'actions concrètes
aboutissant sur le terrain à une plus grande justice jointe à une plus
grande efficacité. De grands groupes s'y emploient. Des acteurs plus modestes défendent le commerce équitable ou les
paysans producteurs. Encore faut-il faire conna?tre et rendre possible
le développement de ce type d'action. Il faut mettre cela en perspective
et surtout donner à tous les acteurs concernés l'occasion de se croiser
et de partager leurs expériences, leurs succès et même leurs
échecs.Pour reprendre un mot à la mode, il y a derrière tout cela une
question de gouvernance. Qui décide ? Qui organise ? Que font, ou que
devraient faire, les syndicats, les ONG, les dirigeants des groupes
industriels, les gouvernements nationaux, l'Union européenne ? Les
grandes organisations internationales, malgré tous leurs défauts, ont
fait la preuve qu'il existait des moyens efficaces de gérer
pacifiquement les conflits le plus durs. Il y a des conflits quotidiens,
ouverts ou implicites, discrets, loin des guerres, entre les
producteurs et les filières de transformation et de commercialisation,
entre les industries et les défenseurs de l'environnement naturel ou
entre les grands groupes industriels et les sociétés civiles locales.
Ils peuvent être gérés, traités, accompagnés pour que l'avenir d'un
territoire ou d'une société, l'avenir d'un bout de notre planète ne soit
pas sacrifié au profit immédiat de l'un ou l'autre des acteurs.
Cette question de gouvernance, il nous semble qu'elle peut d'abord
trouver sa traduction dans l'action des collectivités territoriales - ce
lieu où les partenaires se connaissent, se parlent, négocient, ce
territoire auxquels ils sont tous physiquement et moralement attachés.Il
faut donner l'exemple, il faut démarrer, il faut montrer qu'au niveau
local, il est possible, il est nécessaire de s'intéresser au monde
entier, à la planète. C'est pourquoi Lyon et la Région Rh?ne-Alpes ont
souhaité créer un forum pour une mondialisation responsable.Le but du
forum de Lyon est de définir des valeurs, mais aussi et surtout de les
ancrer dans des réalités concrètes.Première étape : une grande réunion à
la Cité internationale de Lyon les 26 et 27 octobre : 1 500
participants, 130 intervenants venant pour un tiers de France, pour un
quart de l'Europe, pour près de la moitié du reste du monde, et surtout
provenant de tous les acteurs de la société : chefs d'entreprise,
syndicalistes, ONG, représentants d'organisations internationales,
chercheurs.Ni Davos, ni Porto Alegre, le Forum d'octobre, ou plut?t
cette première étape d'une longue action que le Grand Lyon et la Région
Rh?ne-Alpes poursuivront avec tous ceux qui partagent ces convictions,
est une chance de dialogue, c'est un signe donné à tous les responsables
publics pour qu'à tous les niveaux, jusqu'aux plus humbles, les
préoccupations concernant la vie future de la planète comme la vie
présente des communautés humaines l'emportent dans toutes les décisions
économiques et sociales. Le leader nord-coréen, Kim Jong-il, a
? indiqué que la Corée du Nord ne prévoyait pas de deuxième essai
nucléaire, mais que si d'autres pays exercent des pressions
supplémentaires ou des pressions injustes, alors la Corée du Nord
pourrait prendre d'autres mesures ?.