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2014-07-02 16:05:42
Celui qui veut les empêcher est plus fanatique que celui qui dit
lamesse.Il est des hommes qui veulent aller plus loin; qui, sous le
prétexte dedétruire la superstition, veulent faire une sorte de religion
del'athéisme lui-même. Tout philosophe, tout individu peut
adopterlà-dessus l'opinion qu'il lui plaira. Quiconque voudrait lui en
faireun crime est un insensé; mais l'homme public, mais le
législateurserait cent fois plus insensé qui adopterait un pareil
système. LaConvention nationale l'abhorre. La Convention n'est point un
faiseur delivres, un auteur de systèmes métaphysiques, c'est un corps
politiqueet populaire, chargé de faire respecter, non seulement les
droits, maisle caractère du peuple fran?ais. Ce n'est point en vain
qu'elle aproclamé la déclaration des droits de l'homme en présence de
l'Etresuprême!"On dira peut-être que je suis un esprit étroit, un homme à
préjugés;que sais-je, un fanatique.
J'ai déjà dit que je ne parlais, ni comme un individu, ni comme
unphilosophe systématique, mais comme un représentant du
peuple.L'athéisme est aristocratique; l'idée d'un grand être, qui veille
surl'innocence opprimée, et .qui punit le crime triomphant, est
toutepopulaire. Le peuple, les malheureux m'applaudissent; si je
trouvaisdes censeurs, ce serait parmi les riches et parmi les coupables.
J'aiété, dès le collège, un assez mauvais catholique; je n'ai jamais
été niun ami froid, ni un défenseur infidèle de l'humanité. Je n'en suis
queplus attaché aux idées morales et politiques que je viens de
vousexposer: "Si Dieu n'existait pas, il faudrait |'inventer."Je parle
dans une tribune où! impudent Guadet osa me faire un crimed'avoir
prononcé le mot de providence. Et dans quel temps! lorsque lecoeur ulcéré de tous les crimes dont nous
étions les témoins et lesvictimes; lorsque versant des larmes amères et
impuissantes sur lamisère du peuple éternellement trahi, éternellement
opprimé, jecherchais à m'élever au dessus de la tourbe impure des
conspirateursdont j'étais environné, en invoquant contre eux la
vengeance céleste,au défaut de la foudre populaire. Ce sentiment est
gravé dans tous lescoeurs sensibles et purs; il anime dans tous les
temps les plusmagnanimes défenseurs de la liberté. Aussi longtemps qu'il
existera destyrans, il sera une consolation douce au coeur des
opprimés; et sijamais la tyrannie pouvait rena?tre parmi nous, quelle
est l'?meénergique et vertueuse qui n'appellerait point en secret, de
sontriomphe sacrilège, à cette éternelle justice, qui semble avoir
écritdans tous les coeurs l'arrêt de mort de tous les tyrans. Il me
sembledu moins que le dernier martyr de la liberté exhalerait son ?me
avec unsentiment plus doux, en se reposant sur cette idée consolatrice.
Cesentiment est celui de l'Europe et de l'univers, c'est celui du
peuplefran?ais. Ce peuple n'est attaché ni aux prêtres, ni à la
superstition,ni aux cérémonies religieuses; il ne l'est qu'au culte en
lui-même,c'est-à-dire à l'idée d'une puissance incompréhensible,
l'effroi ducrime et le soutien de la vertu, à qui il se pla?t à rendre
deshommages qui sont autant d'anathèmes contre l'injustice et contre
lecrime triomphant.Si le philosophe peut attacher sa moralité à d'autres
bases,gardons-nous néanmoins de blesser cet instinct sacré et ce
sentimentuniversel des peuples.
Quel est le génie qui puisse en un instantremplacer, par ses
inventions, cette grande idée protectrice de l'ordresocial et de toutes
les vertus privées?Ne voyez-vous pas le piège que nous tendent les
ennemis de larépublique et les l?ches émissaires des tyrans étrangers?
En présentantcomme l'opinion générale les travers de quelques individus,
et leurpropre extravagance, ils voudraient nous rendre odieux à tous
lespeuples, pour affermir les tr?nes chancelants des scélérats qui
lesoppriment. Quel est le temps qu'ils ont choisi pour ces
machinations?Celui où les armées combinées ont été vaincues ou
repoussées par legénie républicain; celui où ils veulent étouffer les
murmures despeuples fatigués ou indignés de leur tyrannie; celui où ils
pressentles nations neutres et alliées de la France de se déclarer
contre nous.Les l?ches ne veulent que réaliser toutes les calomnies
grossières dontl'Europe entière reconnaissait l'impudence, et repousser
de vous, parles préjugés ou par les opinions religieuses, ceux que la
morale etl'intérêt commun attiraient vers la cause sublime et sainte que
nousdéfendons.Je le répète: nous n'avons plus d'autre fanatisme à
craindre que celuides hommes immoraux, soudoyés par les cours étrangères
pour réveillerle fanatisme, et pour donner à notre révolution le vernis
del'immoralité, qui est le caractère de nos l?ches et féroces
ennemis.J'ai parlé des cours étrangères. Oui, voilà les véritables
auteurs denos maux et de nos discordes intestines.Leur but est d'avilir,
s'il était possible, la nation fran?aise, dedéshonorer les
représentants qu'elfe a choisis, et de persuader auxpeuples que les
fondateurs de la république n'ont rien qui lesdistingue des valets de la
tyrannie.