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2013-11-23 13:33:38
Quelle belle fête, cejour-là!Il resta comme ?a, l'après-d?née, se
remémorant les chosesd'autrefois, et de temps en temps nous faisant part
de ce qu'ilpensait.Depuis, il continua de décliner peu à peu, tout
doucement. D'un jourà l'autre on ne s'en apercevait pas, mais si bien de
mois en mois,lorsqu'on voyait qu'il ne pouvait plus mettre ses souliers
toutseul, ou ne se levait de son fauteuil qu'avec le secours
dequelqu'un de nous. Lorsque Bernard vint en permission au
moisd'octobre, il ne se levait plus que les jours où il faisait
beausoleil, et seulement vers midi. Quand je dis qu'il se levait, ilfaut
dire qu'on le levait, car il ne pouvait guère s'aider, surtoutd'un
bras. Il ne mangeait pour ainsi dire plus, de manière qu'ilallait
s'affaiblissant toujours davantage. Il le connaissait bien,car sa tête
était toujours bonne, et il disait qu'il n'irait pasloin.
Il avait demandé qu'on le m?t dans la grande chambre, parce quec'était
la plus plaisante, et que de son lit il voyait la plaine desbords de la
rivière et le moulin. Lorsqu'il ne put plus se lever dutout, il y avait
toujours quelqu'un avec lui, ma femmeprincipalement, ou Victoire, et
leur compagnie lui faisait plaisir.Dans les derniers temps, il dormait
beaucoup dans la journée, et ?anous annon?ait sa fin, vu le proverbe:
Jeunesse qui veille,vieillesse qui dort, sont près de la mort.Un matin,
avant jour, il dit à ma femme qui l'avait veillé la nuitavec la grande
M?ette, chacune la moitié:--Ma pauvre Nancy, je croisque je ne passerai
pas la journée... Avant de m'en aller, jevoudrais vous voir tous à
table. .. là, près de moi. Envoie quérirNancette, qu'elle vienne avec ses droles... et puis Fran?ois aussi.
On fit comme il l'avait dit. A une heure, Fran?ois étant arrivé, onse
mit à table pour d?ner. Le petit bout était contre son lit avecson
assiette et son verre; lui était accoté sur des coussins.Fournier était
venu avec sa femme et les petits, et quand ils'approcha du lit, mon
oncle lui dit en plaisantant, mais bienbas:--Salut, Monsieur le maire!
je vais vous donner de la besogne.Et comme il vit que ma femme et
Nancette s'essuyaient les yeux, illeur dit:--Mes enfants, ne vous faites
pas de peine...