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2013-11-22 10:30:38
Vois, cette limace qui setortille avec les plus affreuses
contractions, tes républicainesl'ont tuée; non, elle vit encore, et ils
la dévorent toute vive. Etleur pitoyable bonheur? Un coup de pied peut
le détruire."Elle s'avan?a d'un pas rapide vers la fourmilière en
pleineactivité. Il n'y avait chez elle ni colère, ni désir fiévreux
etdiabolique d'être cruelle, et elle ensevelit sous des ruines la
petitecité tout entière, écrasant et broyant du pied des milliers
decréatures.Zésim baissa la tête et garda le silence. Ils continuèrent
àmarcher. Elle aussi resta muette jusqu'à ce qu'ils fussent arrivés àun
petit bois, où elle découvrit un nid de rouge-gorge dans un arbrecreux.
"Qu'il est joli, dit-elle, n'est-ce pas? Une idylle! Mais regardecette
charmante petite bête, qui revient à tire d'ailes pour nourrirses
petits! Qu'a-t-elle dans le bec? Quelque insecte qui se
torddouloureusement. Crois-tu que cet insecte soit bien heureux?"Ils
avancèrent encore, Ils avaient à peine fait une centaine de pasqu'un
autour s'abattit du haut des airs sur le pauvre petit oiseausans
inquiétude et l'emporta dans ses serres.Dragomira montra du doigt le
ravisseur sans dire un mot. Zésim le visaet tira. Au moment où la fumée
se dissipait, l'autour mourant tombaità terre, les aimes étendues, et
près de lui gisait le rouge-gorgepalpitant."Et toi, s'écria Dragomira
avec un rire effrayant, que viens-tu defaire, homme, toi, le ma?tre et
l'honneur de la création? Tu as tuécomme les autres! Ce n'est partout
que souffrance, sang versé, mort etanéantissement!"Ils arrivèrent à
Bojary, sans s'être dit un mot de plus. A la porte,Zésim, étrangement
ému, prit congé de sa compagne, et pendant qu'ilregagnait la propriété
de sa mère, à travers la brume du crépuscule dusoir, des pensées
troublantes voltigeaient autour de lui, comme desombres chauves-souris. Le lendemain, dans l'après-midi, attiré commepar une force magique, il
revint chez Mme Maloutine, et pour lapremière fois il trouva la porte
ouverte. Une voiture, recouverted'une b?che de toile et attelée de trois
cheveux maigres, était dansla cour. Un petit juif en caftan noir était
assis sur le banc, devantle fournil, au soleil, et comptait rapidement
sur ses doigts crochus.Zésim fit le tour de la maison en se glissant et
regarda par lafenêtre ouverte dans la petite salle de réception. Il ne
fut pas peusurpris de voir Dragomira devant la glace, Dragomira
richement paréecomme une jeune sultane, dans tout l'éclat de sa
beauté.Une jupe à tra?ne, en soie d'un bleu mat, enveloppait sa
personne, auxlignes d'une distinction royale, et laissait voir ses
petits piedschaussés de pantoufles rouges, brodées d'or. Une jaquette en
velourscramoisi, digne d'une princesse et toute garnie de zibeline
dorée,s'ajustait élégamment avec son cou orné de perles d'ambre jaune,
avecses bras magnifiques chargés de bracelets d'or, avec ses
hanchesélancées comme celles d'une amazone.
Ses cheveux blond doré, rassemblés en larges noeuds entrelacés
derangées de perles, faisaient comme un diadème sur cette
têteadmirable."Ah! comme tu es belle!" s'écria Zésim. Dragomira eut
peur, rougit,puis p?lit, et jeta sur lui un long regard de reproche."Tu
fais donc de la toilette quelquefois, continua-t-il, il n'y a quepour
moi que tu n'en fais pas.- J'essayais seulement quelque chose, dit
Dragomira qui avaitrapidement reconquis son calme, tu vois là-dedans le
tailleur juifqui attend. Ce n'est pas autre chose que cela.- Oui, mais
tu ne t'es pas fait faire cette magnifique toilette pourla donner à
manger aux mites dans cette armoire.