faussemanoeuvre que je fis pour éviter l'aviron de Baptiste, le
canotheurta la tête d'un gros pin et que nous voilà tous précipités
enbas,dégringolant de branche en branche comme des perdrix que l'ontue
dans les épinettes. Je ne sais pas combien je mis de temps àdescendre
jusqu'en bas carje perdis connaissance avant d'arriver, etmon dernier
souvenir était comme celui d'un homme qui rêve qu'iltombe dans un puits
qui n'a pas defond.
VIIVers les huit heures du matin, je m'éveillai dans mon lit dans
lacabane, où nous avaient transportés des b?cherons qui nous
avaienttrouvés sansconnaissance, enfoncés jusqu'au cou dans un banc
deneige du voisinage. Heureusement que personne ne s'était cassé
lesreins mais je n'ai pas besoin devous dire que j'avais les c?tes surle
long comme un homme qui a couché sur les ravalements pendant touteune
semaine, sans parler d'un blackeye et dedeux ou troisdéchirures
sur les mains et dans la figure. Enfin, le principal,c'est que le
diable ne nous avait pas tous emportés et je n'ai pasbesoinde vous dire
que je ne m'empressai pas de démentir ceux quiprétendirent qu'ils
m'avaient trouvé, avec Baptiste et les sixautres, tous saouls comme
desgrives, et en train de cuver notrejama?que dans un banc de neige des
environs. C'était déjà pas si beaud'avoir risqué de vendre son ?me au
diable, pours'en vanter parmiles camarades; et ce n'est que bien des
années plus tard que jeracontai l'histoire telle qu'elle m'était
arrivée.Tout ce que je puisvous dire, mes amis, c'est que ce n'est pas
sidr?le qu'on le pense que d'aller voir sa blonde en canot d'écorce,
enplein coeur d'hiver, en courant lachasse-galerie; surtout si vousavez
un maudit ivrogne qui se mêle de gouverner. Si vous m'en croyez,vous
attendrez à l'été prochain pour allerembrasser vos p'titscoeurs, sans
courir le risque de voyager aux dépens du diable.Et Joe le cook plongea sa micouane dans la mélasse bouillonnanteauxreflets dorés, et
déclara que la tire était cuite à point etqu'il n'y avait plus qu'à
l'étirer. LE LOUP-GAROUOui! Vous êtes tous des fins-fins, lesavocats d Montréal,
pour vousmoquer des loups-garous. Il es vrai que le diable ne fait pas
tant decérémonies avec vous autres et qu'il est si s?r deson affaire,
qu'iln'a pas besoin de vous faire courir la prétentaine pour vous
attraperpar le chignon du cou, à l'heure qui lui conviendra.--Voyons,
père Brindamour, ne vous f?chez pas, et si vous avez vu desloups-garous,
racontez-nous ?a.C'était pendant la dernière lutte électorale de
Richelieu,entreBruneau et Morgan, dans une salle du comité du
Pot-au-beurre, en basde Sorel. Les cabaleurs révisaient les listes et
faisaient des coursd'économiepolitique aux badauds qui prétendaient
s'intéresser àleurs arguments, pour attraper de temps en temps un p'tit
coup dewhisky blanc à la santé demonsieur Morgan.Dans une salle basse,
remplie de fumée, assis sur des bancs grossiersautour d'une table de
bois de sapin brut, vingt-cinq àtrentegaillards des alentours causaient
politique sous la haute directiond'un étudiant en droit qui pontifiait,
flanqué de quatre ou cinqexemplaires duHansard et des derniers livres
bleus des ministèresd'Ottawa.Le père Pierriche Brindamour en était rendu
au paroxysme d'unenthousiasme échevelé etcriait comme un
possédé:--Hourrah pour monsieur Morgan! et que le diable emporte tous
lesrouges de Sorel; c'est une bande de coureux de loup-garoux.
Unéclat de rire formidable accueillit cette frasque du pèrePierriche et comme on le savait bavard,
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