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2013-12-28 09:18:16
39L'intérêt parle toutes sortes de langues, et joue toutes sortes
depersonnages, même celui de désintéressé.40L'intérêt, qui aveugle les
uns, fait la lumière des autres.41Ceux qui s'appliquent trop aux petites
choses deviennentordinairement incapables des grandes.42Nous n'avons
pas assez de force pour suivre toute notre raison.43L'homme croit
souvent se conduire lorsqu'il est conduit; etpendant que par son esprit
il tend à un but, son coeur l'entra?neinsensiblement à un autre.44La
force et la faiblesse de l'esprit sont mal nommées; elles nesont en
effet que la bonne ou la mauvaise disposition des organesdu corps.45Le
caprice de notre humeur est encore plus bizarre que celui de lafortune.
46L'attachement ou l'indifférence que les philosophes avaient pourla
vie n'était qu'un go?t de leur amour-propre, dont on ne doitnon plus
disputer que du go?t de la langue ou du choix descouleurs.47Notre humeur
met le prix à tout ce qui nous vient de la fortune.48La félicité est
dans le go?t et non pas dans les choses; et c'estpar avoir ce qu'on aime
qu'on est heureux, et non par avoir ce queles autres trouvent
aimable.49On n'est jamais si heureux ni si malheureux qu'on
s'imagine.50Ceux qui croient avoir du mérite se font un honneur
d'êtremalheureux, pour persuader aux autres et à eux-mêmes qu'ils
sontdignes d'être en butte à la fortune.51Rien ne doit tant diminuer la
satisfaction que nous avons denous-mêmes, que de voir que nous
désapprouvons dans un temps ce quenous approuvions dans un
autre.52Quelque différence qui paraisse entre les fortunes, il y
anéanmoins une certaine compensation de biens et de maux qui lesrend
égales. 53Quelques grands avantages que la nature donne, ce n'est pas
elleseule, mais la fortune avec elle qui fait les héros.54Le mépris des
richesses était dans les philosophes un désir cachéde venger leur mérite
de l'injustice de la fortune par le méprisdes mêmes biens dont elle les
privait; c'était un secret pour segarantir de l'avilissement de la
pauvreté; c'était un chemindétourné pour aller à la considération qu'ils
ne pouvaient avoirpar les richesses.55La haine pour les favoris n'est
autre chose que l'amour de lafaveur. Le dépit de ne la pas posséder se
console et s'adoucit parle mépris que l'on témoigne de ceux qui la
possèdent; et nous leurrefusons nos hommages, ne pouvant pas leur ?ter
ce qui leur attireceux de tout le monde.56Pour s'établir dans le monde,
on fait tout ce que l'on peut pour ypara?tre établi.57Quoique les hommes
se flattent de leurs grandes actions, elles nesont pas souvent les
effets d'un grand dessein, mais des effets duhasard.58Il semble que nos
actions aient des étoiles heureuses oumalheureuses à qui elles doivent
une grande partie de la louangeet du bl?me qu'on leur donne.
59Il n'y a point d'accidents si malheureux dont les habiles gens
netirent quelque avantage, ni de si heureux que les imprudents
nepuissent tourner à leur préjudice.60La fortune tourne tout à
l'avantage de ceux qu'elle favorise.61Le bonheur et le malheur des
hommes ne dépend pas moins de leurhumeur que de la fortune.62La
sincérité est une ouverture de coeur. On la trouve en fort peude gens;
et celle que l'on voit d'ordinaire n'est qu'une finedissimulation pour
attirer la confiance des autres.63L'aversion du mensonge est souvent une
imperceptible ambition derendre nos témoignages considérables, et
d'attirer à nos parolesun respect de religion.64La vérité ne fait pas
tant de bien dans le monde que sesapparences y font de mal.