était une v'limeuse de payenne qui n'allait jamais àl'église de
Saint-Fran?ois et onprétendait même qu'elle n'avaitjamais été baptisée.
Pas besoin de vous dire tout au long commentles choses se passèrent,
mais mon défunt père finit parobtenir unrendez-vous, à quelques arpents
du camp, sur le coup de minuit d'undimanche au soir.
Il trouva bien l'heure un peu singulière et le jour unpeu suspect,mais
quand on est amoureux on passe par-dessus bien des choses.Il se rendit
donc à l'endroit désigné avant l'heure et ilfumaittranquillement sa pipe
pour prendre patience, lorsqu'il entendit dubruit dans la fardoche. Il
s'imagina que c'était sa sauvagessequis'approchait, mais il changea
bient?t d'idée en apercevant deux yeuxqui brillaient comme des
fifollets et qui le fixaient d'unemanière étrange. Ilcrut d'abord que c'était un
chat sauvage ouun carcajou, et il eut juste le temps d'épauler son fusil
qu'ilne quittait jamais et d'envoyer une balleentre les deux yeuxde
l'animal qui s'avan?ait en rampant dans la neige et sous
lesbroussailles. Mais il avait manqué son coup et, avant qu'il
eutletemps de se garer, la bête était sur lui, dressée sur ses pattes
dederrière et t?chant de 'lentourer avec ses pattes de devant. C'étaitun
loup, maisun loup immense, comme mon défunt père n'en avaitjamais vu.
Il sortit son couteau de chasse et l'idée lui vint qu'ilavait affaire à
un loup-garou. Ilsavait que la seule manière de sedébarrasser de ces maudites
bêtes-là, c'était de leur tirer du sangen leur faisant une blessure,
dans le front, enforme de croix. C'estce qu'il tenta de faire, mais le
loup-garou se défendait comme undamné qu'il était, et mon défunt père
essaya vainement de luiplongerson couteau dans le corps, puisqu'il ne
pouvait pas parvenir à ledélivrer. Mais la pointe du couteau pliait
chaque fois comme s'il eutfrappédans un c?té de cuir à semelle. La lutte
se prolongeait etdevenait terrible et dangereuse. Le loup-garou
déchirait les flancsde mon défunt père avecses longues griffes lorsque
celui-ci, d'uncoup de son couteau qui coupait comme un rasoir, réussit à
luienlever une patte de devant. La bête poussa unhurlement
quiressemblait au cri d'une femme qu'on égorge et disparut dans laforêt.
Mon défunt père n'osa pas la poursuivre, mais il mit lapatte dansson
sac et rentra au camp pour panser ses blessures qui,bien que
douloureuses, ne présentaient cependant aucun danger.
Lelendemain, lorsqu'il s'informade la sauvagesse, il apprit qu'elleétait partie, pendant la nuit, avec son père,
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